De retard en retard, de scandale en scandale, les centrales à charbon de Medupi et Kusile , n’ont jamais réussi à fournir à Eskom l’énergie nécessaire à l’Afrique du Sud, entrainant délestages et coupures qui plongent régulièrement les habitants et l’économie dans le noir. Les dirigeants ont par contre mené grande vie avec des pot-de-vins somptueux. Mais la fête est finie.
Elle devait être la quatrième plus importante centrale au charbon du monde, un de ces mégaprojets dont raffolent les chefs d’état, car ils leur donnent l’illusion de la puissance. Le projet dont le budget initial en 2007 était de 87 milliards de rands, avec un financement du FMI et des grandes banques internationales, pourrait dépasser les 400 milliards de rands quand tout fonctionnera correctement. L’économie sud-africaine, en pleine récession, a certainement un besoin urgent d’énergie, mais pas à n’importe quel prix. Si l’analyse du Pr Flyvbjerg se révèle exacte, le mégaprojet Medupi/Kusile « est un désastre qui attend son heure ».
Eskom avait passé un accord avec les entreprises pour que tout délai soit pénalisé. Alstom, l’entreprise française qui devaient fournir les turbines a déjà été pénalisée , tout comme Hitachi, l’entreprise japonaise, elle aussi prise en défaut. Les deux entreprises ont constaté que les soudures étaient défectueuses et devaient être refaites, ce qui a entraîné un premier retard. Alstom doit fournir un système sophistiqué de contrôle qui ne fonctionne pas correctement. La question de fond reste la compétence de la main d’oeuvre sur place qui n’a pas été formée au niveau requis et le manque de contrôle par du personnel qualifié. Comme le reconnaît le PDG d’Eskom : « nous n ‘avons pas les cerveaux derrière la construction de cette centrale…la capacité des entreprises pour superviser le travail n’a pas été bon. Elles devaient former le personnel pour faire le travail et le contrôler. Le contrôle, ce n’est pas la responsabilité d’Eskom ».
Devant la multitude de problèmes soulevés par la construction de cette gigantesque centrale, on peut se demander si le projet convenait vraiment aux besoins du pays. Les protecteurs de l’environnement crient au scandale écologique, une centrale au charbon pollue et consomme beaucoup d’eau et le contribuable à juste titre pense que finalement, c’est lui qui paiera l’addition.
Les limogeages à répétition des responsables n’ont pas permis de vraiment trouver les bonnes personnes pour résoudre les problèmes de tous ordres sur ce méga projet du désastre annoncé. Le gros rapport de la Commission Zondo sur la corruption à tous les niveaux a fait des recommandations pour faire comparaitre en justice les coupables. Après bien des atermoiements, le NPA(leProcureur général))vient d’inculper 17 personnes pour fraude, corruption et blanchiment d’argent. Parmi ces inculpés, l’ancien PDG d’Eskom, Matshela Koko, sa femme et deux de ses belles-filles. Selon le porte-parole du NPA, les accusés ont signé des contrats pour une valeur de 2milliards de rands pour la construction de la centrale de Kusile, mais une partie de cet argent est allé directement dans les poches de la famille Koko grâce à des entreprises bidons.
Pour le chef de la police, cette arrestation se justifie par « l’obligation de rendre des comptes sur l’utilisation de l’argent et du respect de la loi ». Avec l’argent détourné, les accusés avaient acheté entre autres, une Toyota Land Cruiser et une Mercedes-Benz. Le principal accusé a été libéré sous caution et le procès reprendra le 23mars 2023.
Le Président Ramaphosa avait promis de lutter contre la corruption et de nettoyer les rangs de l’Anc en exigeant que ses membres accusés de malversation « step aside », se mettent en retrait en attendant la décision de la justice. Cette décision sera-t-elle suffisante pour redonner confiance aus Sud-Africains qui broient du noir en attendant des jours meilleurs , toujours promis et jamais vus ?
Publié le mardi 1er novembre 2022
© RENAPAS
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