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Dulcie September et le Président Macron

Avant de quitter l’Afrique du Sud, le Président Macron a voulu rendre hommage à Nelson Mandela en rendant visite à la fondation qui porte son nom. Une exposition sur Dulcie September, représentante de l’ANC, assassinée à Paris de cinq balles dans la tête alors qu’elle ouvrait son bureau à Paris, l’attendait. Allons-nous enfin connaître la vérité ? La famille, les ami.e.s attendent depuis 33 ans.

Avant de quitter l’Afrique du Sud, le Président Macron a voulu rendre hommage à Nelson Mandela en rendant visite à la fondation qui porte son nom. Une exposition sur Dulcie September, représentante de l’ANC, assassinée à Paris de cinq balles dans la tête alors qu’elle ouvrait son bureau à Paris, l’attendait. Allons-nous enfin connaître la vérité ? La famille, les ami.e.s attendent depuis 33 ans.

Ce samedi 29 mai, Sello Hartang, président de la fondation Nelson Mandela, accueillait le Président Macron par ces mots : « Voici la petite exposition que nous avons fait sur la vie de Dulcie September, qui comme vous le savez, a été tuée en France. Nous avons écrit au gouvernement français au nom de la Fondation Nelson Mandela, pour que le gouvernement rouvre le dossier de son assassinat. Nous avons écrit il y a 3 ou 4 mois, mais on ne nous a pas encore répondu ». Le président français a aussitôt répondu « nous allons regarder ça »

Une assignation devant le tribunal judiciaire de Paris a été déposée par l’avocat de la famille de Dulcie en février 2021 accompagnée de lettres de soutien à cette démarche par la Fondation Mandela et plusieurs personnalités sud-africaines et françaises. Paul Laurent, vice président du Sénat, a interpellé le ministre de la justice, lequel a répondu qu’il veillera à ce que ce dossier soit examiné avec soin.

En effet, l’enquête menée après l’assassinat a été expédiée en 4 ans par une seule juge qui n’avait ni la compétence, ni les moyens d’enquêter sur un dossier aussi complexe. Le non lieu rendu était un déni de justice pour la famille, toutes les demandes suivantes de réouverture du dossier avaient aussi été promptement rejetées.

Mais des archives ouvertes en Afrique du Sud, le travail de journalistes et chercheurs ont permis de rassembler de nouvelles preuves que la justice française n’avait pas fait son travail et que la décision hâtive de clore le dossier avait plus à voir avec une décision politique que la recherche de la vérité sur un meurtre accompli par un tueur à gages. Au service de qui ? Et pour quel motif ?

Ce meurtre n’était pas un meurtre de droit commun, mais bien un meurtre politique commis pour faire taire l’opposition au régime d’apartheid. Depuis ces crimes qui visaient les opposants ont été qualifiés de crime d’apartheid, lui même qualifié de crime contre l’humanité. Un tel crime est imprescriptible aux termes de la Convention sur l’imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité entrée en vigueur le 11 novembre 1970. Nelson Mandela, le 22 juin 1990, devant le Comité spécial contre l’apartheid des Nations Unies déclara qu’« il est approprié de caractériser le système d’apartheid de crime contre l’humanité ». Deux années plus tard, en France, la loi n°92-684 du 22 juillet 1992 inscrira dans le code pénal un article 212-1, pour mentionner parmi les crimes contre l’humanité, « la pratique massive et systématique » d’actes inhumains inspirés par des motifs en particulier politiques ou raciaux « en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile ».

Un documentaire, Murder in Paris, diffusé sur la chaîne nationale de télévision, SABC, sélectionné pour deux festivals internationaux, réalisé par Enver Samuel à partir de témoignages recueillis en France et en Afrique du Sud, jette un éclairage sans concession sur les relations entre la France et le régime d’apartheid. La France, en violation de toutes les résolutions de l’ONU concernant la vente d’armes et la collaboration nucléaire, a été un partenaire fidèle du régime d’apartheid. Dulcie September en rassemblant les preuves de cette collaboration devenait gênante.

Depuis 1994, l’Afrique du Sud est devenue fréquentable, c’est aussi un pays qui compte tant pour les relations commerciales que par son rôle sur le continent africain. La guerre froide est finie, la mondialisation rend plus que jamais nécessaires les relations multilatérales. La vérité sur le meurtre de la représentante de l’ANC en plein Paris, il y a plus de trente ans serait un préalable à des relations saines entre les deux pays en faisant toute la vérité sur l’assassinat de Dulcie September, représentante de l’ANC, sur notre sol commis le 29 mars 1988.

Jacqueline Dérens

Publié le mardi 1er juin 2021


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