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Le Congrès national africain a 108 ans et beaucoup de problèmes

L’année 2020 n’a pas épargné l’Afrique du Sud : crise économique, crise sanitaire et crise politique. L’ANC est plus que jamais divisé en factions sur fond de corruption. Au cours du dernier comité national exécutif du parti, le Président Ramaphosa, à la tête du parti et de l’Etat, n’a pas caché son pessimisme en déclarant « l’Anc est en guerre avec lui-même ».

Depuis la libération sous caution d’Ace Mashagule, secrétaire général de l’ANC, accusé de fraude et corruption, le plus vieux mouvement de libération du continent africain est dans la tourmente, confronté à une fronde ouverte contre son code éthique qui mettait le bien commun avant les intérêts individuels.

Les divisions au sein du mouvement ne datent pas d’hier, mais une cause commune et des dirigeants irréprochables arrivaient à imposer une discipline démocratique qui voulait qu’après discussion et échanges de points de vue, la décision prise devenait le mot d’ordre pour tous. La discipline était la vertu première pour mener une lutte clandestine face à un ennemi sans merci.

Il faut rappeler aussi que deux présidents ont été désavoués par leur parti : Thabo Mbeki et Jacob Zuma. Le premier a accepté sa défaite à la conférence de Polokwane en 2007, le second, le Zoulou Boy, a préféré manœuvrer dans l’ombre, attiser les divisions ethniques et raciales et garder des fidèles au sein de la direction du parti. Ces démêlés avec la justice pour fraude, corruption, blanchiment d’argent, racket et sa collusion avec les frères Gupta qui ont pillé les caisses de l’état ont sérieusement endommagé l’image d’intégrité du parti auprès de l’opinion publique.

A la conférence de Johannesburg , en 2017, une décision importante avait été prise qui considérait que les membres accusés de corruption devaient volontairement « démissionner » et se présenter devant la Commission d’intégrité du parti, le garant moral de l’Anc. Mais il y a aussi la loi qui garantit l’innocence du prévenu avant qu’il ne soit prouvé coupable. C’est cette option qu’a choisi Ace Mashagule, et tous ceux qui sont accusés de corruption, bien décidés à défier la discipline du parti.

En novembre, le parquet général ( NPA) et les unités spéciales de la police, les Hawks, ont procédé à plusieurs arrestations pour fraude et corruption dans l’attribution de marchés publics pour l’achat de matériel médical pour lutter contre la pandémie du Covid 19 donnant ainsi quelque crédit à la volonté du Président Ramaphosa d’en finir avec la corruption.

Au cours de la réunion du NEC, le Conseil national exécutif, , le Président Ramaphosa a fait le constat amère que les résolutions prises en 2017 sont loin d’être respectées et que plus que jamais l’indiscipline, l’ivresse du pouvoir et de l’argent gangrènent sérieusement l’unité du parti. Mais les tensions sont si fortes au sein de la direction du parti, que le NEC n’a pas pu ou pas voulu mettre Ace Mashagule face à ses responsabilités et prendre les mesures disciplinaires qui s’imposaient et il a renvoyé la décision vers la Commission d’intégrité.

Celle-ci s’est réuni le 12 décembre et dans une lettre transmise au NEC recommande en termes clairs que Ace Magashule, comme tous les adhérents, doit respecter le code de conduite du parti et demande à la direction du parti d’exiger du secrétaire national de « démissionner » s’il est accusé de fraude ou corruption, et d’ajouter que son comportement nuit à l’image publique du parti.

L’enrichissement de Ace Mashagule n’est qu’un aspect du pourrissement moral qui gangrène l’ancien mouvement de libération crée le 8 janvier 1912. Que sont devenus les gentlemen qui demandaient poliment que l’on respecte leurs droits, leurs enfants et petits enfants devenus les révolutionnaires prêts à mourir pour la cause, les jeunes qui affrontaient la police et l’armée à Soweto ? Des hommes et femmes d’affaires pas trop regardant sur la source de leur argent, des nantis qui veulent d’abord profiter de la vie en fermant les yeux sur la pauvreté qui les entoure.

Ce 8 janvier Cyril Ramaphosa a le dangereux honneur de prononcer le discours traditionnel dans des circonstances exceptionnelles. Pas de pom-pom girls pour amuser la foule avant l’entrée des dirigeants dans des stades bondés, mais des téléspectateurs désabusés qui chercheront la phrase qui pourra leur donner le courage d’affronter les difficultés qui les attendent en 2021. D’abord que le plan de vaccinations annoncé par le ministre de la santé soit rempli. L’Afrique du Sud va recevoir un million de doses du vaccin Astra Zeneca en janvier et 500 000 doses en février ; 40 millions de personnes vont être vaccinées dans les douze mois à venir. Une exigence de santé publique pour que l’économie du pays retrouve des couleurs.

Publié le samedi 9 janvier 2021


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