« La saison des arrestations et enlèvements de militants est arrivée » écrit le Réseau des défenseurs des droits humains d’Afrique australe, pour dénoncer la répression qui s’abat sur les opposants au Président Mnangagwa dont l’arrivée au pouvoir en 2018 n’a rien changé à la vie quotidienne du Zimbabwe : pauvreté, pénurie, répression avec en plus la pandémie du Covid 19 et la corruption qui va avec.
Ceux qui avaient espérer un changement avec le départ du Président Mugabe en sont pour leurs frais. L’arrivée à la tête du pays, après des élections toujours qualifiés de « justes et libres » par des observateurs internationaux sourds et aveugles, d’un homme surnommé « le crocodile », ancien vétéran de la lutte de libération dont la légende veut qu’il ne faisait pas de prisonnier, ne laissait pas beaucoup d’espoir de changement.
La cible favorite d’un régime autoritaire est toujours le journaliste qui ose dénoncer le scandale qui touche de près le pouvoir. Depuis son élection le Président Mnangagwa n’a pas failli à la règle, et les journalistes sont victimes de multiples entraves à l’exercice de leur métier sans que cela émeuve beaucoup de gens en dehors du pays ou de la région. La répression syndicale n’est pas en reste et nombreux sont les syndicalistes arrêtés, torturés qui croupissent en prison.
Pour intimider ceux qui se préparaient à manifester vendredi 31 juillet, des militants et journalistes ont été arrêtés avant. La maison de Mdudizi Mathuthu, le rédacteur du journal ZimLive a été soumise à une descente de police ; Tawanda Muchechiwa, qui travaille pour le site Mawerick Citizen, a été arrêté avec deux autres militants, mais la police nie qu’ils soient dans ses locaux de Bulawyo.
L’avocat de Muchechiwa, a confirmé sa disparition et a dénoncé la tactique du régime en ces termes « L’usage par le régime des enlèvements a trois objectifs : le premier d’empêcher les militants de protester, le second de les torturer et de les punir, le troisième de répandre la peur dans la population et de lui dire « si vous protestez, nous vous ferons disparaître » .
Depuis, l’arrestation du journaliste Hopewel Chin’ono et Jacob Ngarivhume, dirigeant d’un parti d’opposition, il y a une dizaine de jours, les menaces se sont amplifiées et ce vendredi 31 juillet, la violence des forces de police s’est déchainée dans les rues des deux grandes villes, Harare la capitale du pays et Belawayo, contre les manifestants et les passants.
Le journaliste Chin’ono avait révélé des scandales de corruption dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, ce qui avait entrainé le limogeage du ministre de la santé. Les infirmières mal payées et sans matériel de protection sont en grève depuis une semaine, les médecins menacent aussi de faire grève. Cette gabegie dans le domaine de la santé ne date pas d’hier, mais la pandémie ne fait qu’alourdir une situation de plus en plus intenable. Cette semaine sept bébés sont morts à la naissance faute de personnel pour assister les parturientes. Ces morts, selon les mots d’un médecin montre l’état du hôpitaux publics du Zimbabwe qui « ne fonctionnent plus et sont un piège mortel pour les citoyens ».
La faim menace neuf millions de personnes, soit 60% de la population a prévenu la FAO, laissant ces personnes sans défense devant l’avancée de la pandémie du Covid 19. Devant ce désastre annoncé, il serait urgent que les autorités, comme l’Union africaine ou la SADC (Southern African Developpement Community) agissent en urgence et que la solidarité internationale se manifeste autrement que par des remontrances à un régime qui ne veut rien entendre.
Publié le samedi 1er août 2020
© RENAPAS
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