Avec le retour dans le jeu politique de Cyril Ramaphosa aux élections de mai 2019, les Sud-Africains, sans trop d’illusion, pouvaient au moins espérer en finir avec les « neuf années noires » de l’ère Zuma. L’aube nouvelle promise ne s’est pas levée en 2019 et 2020 s’annonce à haut risque pour le gouvernement.
Après son élection, à la tête de l’ANC en décembre 2018, puis comme président à la tête du pays après la victoire de l’ANC aux élections de mai 2019, Cyril Ramaphosa avait promis « une aube nouvelle » avec des priorités : lutte contre la corruption et la relance de l’économie.
C’est à la toute fin de l’année que le parquet général (NPA) a procédé aux premières inculpations de hauts responsables des entreprises publiques mises à sac depuis des années. Des malversations et pots de vin d’un montant de 30 millions de rands dans les contrats pour la construction des deux centrales à charbon, Medupi et Kusile, ont conduit à l’arrestation de deux responsables d’Eskom, la compagnie nationale d’électricité qui croule sous les dettes et n’arrive plus à fournir l’électricité nécessaire au pays l’obligeant à des délestages qui plongent les habitants dans le noir et l’économie dans le rouge.
La commission Zondo, du nom du juge qui la préside, essaie séance après séance et auditions de témoins, de démêler la pelote de fraudes, malversations, connivences du pouvoir avec la famille Gupta pour« la capture de l’état », et va continuer son travail en 2020. Mais les principaux coupables, les frère Gupta, sont toujours refugiés en Arabie saoudite et la demande d’extradition faite par le ministre de la justice sud-africaine n’a toujours pas reçu de réponse.
La crise énergétique que traverse l’Afrique du Sud, couplée avec une sécheresse sans précédent qui met à mal l’agriculture sont de mauvais augure pour une relance notable de l’économie. Les prévisions restent moroses et les investisseurs étrangers ne se précipitent pas. Une relance est indispensable pour la création d’emplois dans un pays où 30% de la population active est sans emploi.
Sue ce fond de pauvreté persistante pour la majorité de la population noire, les attaques xénophobes contre les ressortissants étrangers ont mis à mal les relations avec les pays africains voisins. Ceux ci n’ont pas manqué de rappeler aux dirigeants sud-africains actuels les sacrifices consentis pour aider le mouvement de libération dans sa lutte contre le régime d’apartheid. Le mirage d’une Afrique du Sud riche, accueillante, le mythe de la nation arc-en-ciel ont fait long feu face à la résurgence raciste du passé, facilitée par des propos haineux et simplistes. Le pays doit faire face au gouffre des inégalités qui ravage la société sud-africaine ; redonner espoir et confiance à une population lasse des promesses jamais tenues reste la seule solution pour mettre fin à la vague de criminalité qui touche d’abord les plus pauvres.
Les grands problèmes de la pauvreté, du chômage, de la redistribution des richesses restent à l’ordre du jour en 2020 avec des questions clé à résoudre sans tarder : l’énergie et la crise d’Eskom ; la lutte contre la corruption à tous les niveaux et la question de la terre. Cette dernière question a été évoquée par le Président Ramaphosa lors des commémorations pour le 108ème anniversaire de la création de l’Anc, le 8 janvier. En rendant hommage à Sol Plaatje, journaliste, écrivain et premier secrétaire du mouvement de libération, qui décrivait dans son livre Native Land in South Africa le sort misérable des fermiers noirs devenus des « non pas des esclaves, mais des parias dans le pays où ils sont nés » après les lois de 1913, le Président Ramaphosa a rappelé la mission historique de son mouvement : redonner la terre à ceux qui la cultivent.
Publié le vendredi 10 janvier 2020
© RENAPAS
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