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Ramaphoria ou les cent jours du Président Ramaphosa

Après la descente aux enfers pendant la mandature de Jacob Zuma, l’Afrique du Sud retrouve quelques couleurs avec la nouvelle équipe du Président Ramaphosa. Mais l’euphorie va-t-elle suffire à remettre l’économie sur les bons rails pour réduire le gouffre des inégalités qui dévaste la société sud-africaine ? à ressouder un parti déchiré par les factions ? à redonner confiance aux électeurs ?

La première tache de la nouvelle équipe du Président Ramaphosa a été de procéder à un grand nettoyage dans l’appareil d’état envahi par la corruption et l’incompétence. Le travail a été fait promptement par Pravin Gordhan, ministre responsable des entreprises publiques. Eskom, compagnie nationale d’électricité ; Transnet, transports ferroviaire et logistique portuaire ; SA Express, fret aérien ; Denel, manufacture d’armement, ont toutes de nouveaux PDG et des conseils d’administration renouvelés. Victimes de la main mise de la famille Gupta et de leurs complices, ces fleurons de l’économie sud-africaine sont au bord du gouffre financier, leur redressement ne sera pas une partie de plaisir, mais au moins des gens compétents et honnêtes vont se pencher sur leur avenir.

Grand nettoyage aussi dans la police en particulier dans les unités d’élite chargées de la lutte contre le grand banditisme et le crime organisé. Le panier de crabes risque de se rebiffer tant la collusion entre les ripoux de la police, les big boss et les chefs de gangs qui règnent sur la vie nocturne des grandes villes et les sociétés de sécurité est grande. La nomination de Godfrey Lebeya à la tête de l’unité d’élite The Hawks annonce toutefois des temps difficiles pour la pègre sud-africaine. Ce policier avait été limogé par Riah Phiyega, la cheffe de la police, elle même limogée après le massacre des mineurs de Marikana. Godfrey Lebeya n’est pas un simple flic, il est aussi titulaire d’un doctorat et son livre Understanding Organised Crime est un ouvrage de référence.

Chamboulement aussi à la tête du service des impôts (SARS) après la suspension de l’Inspecteur général Thomas Moyane accusé de mauvaise conduite, fraude, corruption et d’avoir protéger Jacob Zuma pour que celui ci ne paye pas d’impôts, alors qu’il recevait un salaire mensuel d’un million de rands d’une compagnie de sécurité, après son élection au poste de président. Toutes ces combines sont largement exposées dans le livre de Jacques Pauw, The President’s Keepers, qui après une menace de censure, caracole en tête des ventes depuis sa parution.

Alors espoir ou désespoir ? se demandent de nombreux éditorialistes qui tout en notant les grands pas accomplis se demandent jusqu’où peut aller le Président et comment il peut manœuvrer dans le champs de mines que lui a laissé son prédécesseur, en plus du lourd héritage de l’apartheid qui pèse toujours dans la vie quotidienne des Sud-africains.

En formant son gouvernement, Cyril Ramaphosa a pris soin de nommer des personnes de confiance à des postes importants, tout en manœuvrant pour éviter l’affrontement avec la faction rivale de l’ANC. Il a changé de poste des incompétents notoires, par exemple la ministre aux affaires sociales, empêtrée dans des imbroglios administratifs et financiers qui prend la direction du ministère des femmes. Il a aussi gardé l’ancien ministre des finances, Malusi Gigaba, toujours aussi chiquement habillé, mais nommé au ministère de l’intérieur.

Le plus dur sera de mettre en place une politique conforme aux promesses et la moindre n’est pas la redistribution des terres, le problème que tous les anciens gouvernements ont évoqué et tenté de résoudre tout en l’esquivant, comme on fait de la patate chaude qui brûle les doigts. Mais l’heure n’est plus à la tergiversation et une équipe s’est mise au travail

Cyril Ramaphosa sait que personne ne lui fera de cadeaux et surtout pas ceux de son camp, les membres de l’ANC qui n’ont pas voté pour lui et tentent par tous les moyens de garder les avantages mal acquis sous la présidence de Jacob Zuma. L’unité de l’ANC indispensable pour soutenir la politique gouvernementale n’est pas acquise si l’on regarde ce qui se passe dans deux provinces, celle du Nord Ouest où le remplacement du dirigeant limogé se révèle difficile et celle du Kwazulu Natal où les différents se règlent à la kalachnikov. Or l’unité du parti est la clef du succès aux prochaines élections face à une opposition qui traverse une passe difficile, pour l’Alliance démocratique comme pour le parti des Combattants de la liberté.

Cyril Ramaphosa a su regagner la confiance du monde du capital comme celui de ses concitoyens et signe d’espoir, l’équipe des Springboks, emblème de la blanche et mâle Afrique du Sud, a pour la première fois de son histoire un capitaine noir Siya Kolisi !

Publié le jeudi 31 mai 2018


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