De nombreux chercheurs font le constat inquiétant que la prévention, les tests, la prise d’antirétroviraux auront une portée limitée tant que les hommes n’admettront pas leur séropositivité et continueront à infecter leurs partenaires.
En 2017 selon les estimations de l’Onu-sida, en Afrique australe et orientale 26% des hommes avaient fait un test pour connaître leur statut face au sida contre 34 % des femmes. Ne pas savoir ou ne pas vouloir savoir est un danger mortel pour les hommes comme pour pour leurs partenaires.
Des recherches établissent des statistiques alarmantes de jeunes femmes infectées par leur partenaires en moyenne plus âgées qu’elles de 8,7 années : 60% des femmes âgées de 15 à 24 sont infectées par le VIH alors qu’elles ne représentent que 10% de la population.
Pour expliquer cette situation, deux raisons sont invoquées. Les femmes d’une manière générales fréquentent plus les centres de santé que les hommes. Elle y vont pour des consultations prénatales, pou faire vacciner leurs enfants, pour le planning familial, etc. Les hommes, surtout les jeunes hommes en bonne santé se refusent à fréquenter un hôpital car ils considèrent que cela serait « une marque de faiblesse » peu digne d’un homme, d’un vrai.
Ce stéréotype de « l’homme fort » est largement répandu, selon une enquête menée dans douze pays par International Men and Gender Equality Survey. Là où les hommes ont une vision figée et rigide de leur statut de supériorité, ils ont tendance à faire moins de tests, à ignorer leur infection et par conséquent contaminer leurs partenaires.
Le patriarcat, les inégalités de genres et la violence genrée ont des implications très graves sur la lutte contre le VIH. Les femmes ont rarement la possibilité d’imposer un rapport protégé, la décision d’utiliser ou pas un préservatif masculin dépend du pouvoir masculin. Dans un rapport forcé, la question ne se pose même pas, et pour les prostituées, les hommes décident d’un rapport non protégé en payant plus.
Pour les acteurs de terrain de la lutte contre le sida, l’évidence s’impose : c’est oublier un terme de l’équation que de cibler les campagnes de prévention sur les femmes seulement. Tant que les hommes ne seront pas associés à ces campagnes, les résultats seront décevants : « Si nous voulons utiliser le traitement comme prévention et ne traiter que les femmes, cela ne va pas marcher. Nous devons aussi prévenir l’infection par le VIH chez les hommes ».
Pour arriver à convaincre les hommes de faire aussi partie de la démarche, il faut démonter les mécanisme sociaux qui voudraient que les hommes soient les seuls à décider dans un rapport sexuel, que l’image de l’homme viril, fort qui décide soit énergiquement mise à mal, éduquer les garçons comme les filles pour qu’ils/ elles deviennent des adultes responsables.
Dans l’immédiat, il faut aller trouver les hommes là ou ils se trouvent et renverser la problématique. Au lieu de poser la question : comment faire pour que les hommes aillent vers les soins médicaux, il faut poser la question : comment faire pour que les soins médicaux aillent vers les hommes.
Une initiative intéressante à été prise à Bushbuckridge dans la province rurale de Mpumalanga par Sonke Gender Justice, une ONG sud-africaine avec le soutien d’université américaines et sud-africaines. Au lieu de dire aux hommes d’aller dans un centre de santé pour faire un test, une unité mobile a été installée près des lieux fréquentés par les hommes : lieux de travail ; installations sportives et débits de boisson. En deux semaines 22 hommes sur 90 ont acceptés les tests alors qu’il avait fallu plus de deux ans pour arriver au même chiffre avec les méthodes traditionnelles.
Aller vers les hommes et leur parler aussi d’autres moyens de prévention comme la circoncision volontaire sous assistance médicale permet d’aborder d’autres questions comme l’utilisation du préservatif, les comportements dangereux, les violences envers les femmes, etc. Pour que les campagnes de prévention atteignent vraiment leur but, une approche globale est nécessaire qui inclut hommes et femmes et qui permettra d’avancer vers une authentique égalité des genres.
Il y a sept millions de séropositifs en Afrique du Sud et seulement la moitié a accès aux traitements. Si on veut aller vers l’éradication de la maladie en 2030, pour le Pr Deenan Pillay, directeur de l’Institut de recherche de santé pour l’Afrique « pour que plus en plus de personnes viennent dans les centres de soins et toucher ceux qui veulent pas être testés et soignés, il faut innover… ». Pour gagner contre le sida, la routine n’est plus à l’ordre du jour.
source : Jonathan Hopkins and Dean Peacock Sonke Gender Justice
Publié le mercredi 6 décembre 2017
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