Ce 12 avril 2017, Jacob Zuma, Président de la République d’Afrique du Sud aura 75 ans et ses concitoyens lui réservent une ovation exceptionnelle en lui demandant de quitter ses fonctions. La colère, loin de retomber après l’annonce du remaniement ministériel, s’amplifie pour obtenir le départ d’un président de plus en plus mal accepté.
Sept partis d’opposition ont décidé de descendre dans les rues ce mercredi dans toutes les villes du pays, un prélude avant la manifestation nationale prévue pour le 27 avril, jour de la fête nationale qui commémore la tenue des premières élections libres de 1994. Les manifestants ont obtenu la permission de manifester devant les bâtiments du gouvernement, Union Buildings, à Tshwane, capitale politique du pays.
Prévoyant beaucoup de monde dans les rues, beaucoup de bruit et de pancartes hostiles au Président, la visite d’état de l’émir du Qatar a pris une tournure cocasse. Il est arrivé dans la nuit de mardi avec tous les honneurs dus à son rang, mais discrètement. La délégation n’a pas vraiment appréciée l’originalité de ce protocole inattendu et un de ses membres l’aurait qualifiée de « plaisanterie incroyable ! ».
Agir tard le soir est devenue un habitude chez le président. Il avait annoncé le remaniement ministériel vers minuit le 31 mars, espérant sans doute que la faute serait moins visible dans le noir et qu’une fois le forfait accompli, il deviendrait irréversible. Naïveté ou rouerie, le président, pris encore une fois la main dans le pot de confiture, a déclenché une vague de protestation sans précédent.
On lui reproche surtout d’agir comme un potentat et de satisfaire sa soif inextinguible pour l’argent et le pouvoir sans jamais avoir à rendre de comptes à la nation. C’est ce que lui ont rappelé son ennemi de toujours Thabo Mbeki, l’ancien président, et Klagema Motlanthe, l’homme intègre et président intérimaire. Tous deux ont demandé aux élus de l’Anc de voter avec leur conscience et non pas pour un parti qui ne tient pas ses promesses. Pour Thabo Mbeki « Tous les parlementaires, de tous les partis politiques, servent comme membres du parlement parce qu’ils ont été élus par le peuple d’Afrique du Sud et par conséquent doivent rendre des comptes à leur électorat - le peuple d’Afrique du Sud ».
Les vétérans de la lutte et les deux accusés du procès de Rivonia, toujours en vie Andrew Mlangeni et Denis Goldberg, demandent une conférence nationale pour discuter et sortir le pays de cette crise politique sans précédent. « La crise politique et ceux qui l’ont créée touche en profondeur le tissu même de notre société et cette déchirure a son fondement dans le besoin sans fin de pouvoir et d’argent » ont-ils écrit.
Zwelinzima Vavi, l’ancien dirigeant syndical exclu de la Cosatu et qui vient de former une nouvelle centrale syndicale, Saftu, a déclaré à la presse que « le contrat entre l’Anc et le peuple d’Afrique du Sud est rompu » et que la crise politique que traverse le pays affecte l’économie dont les principales victimes sont « les pauvres et la classe ouvrière ». Devenue un "junk state", l’Afrique du Sud aura de plus en plus de mal à sortir son économie du marasme.
La motion de censure déposée par l’opposition doit faire l’objet d’un vote au Parlement le 18 avril. Mais il pourrait être retardé parce que l’ipposition a demandé à la justice de se prononcer sur sa demande d’organiser un vote à bulletin secret. La Présidente de l’Assemblée a déclaré qu’elle n’y était pas opposée, mais que la constitution ne lui donnait pas le pouvoir de le faire, ce que contestent certains juristes. Elle pourrait le faire, mais Baleka Mbete est connue pour faire partie du cercle des amis de Jacob Zuma. https://www.dailymaverick.co.za/opi...
Alors que la révolte gronde, le Président ira fêter son anniversaire à Soweto où ses fidèles ont organisé un rassemblement en son honneur loin du bruit et de la fureur de la rue.
Publié le mercredi 12 avril 2017
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