Il y a tout juste 20 ans, le 1er Février 1997, le Parlement sud-africain adoptait la loi sur le choix de mettre fin à une grossesse (Choice on Termination of Pregnacy Act), autorisant l’avortement jusqu’à la 12eme semaine de grossesse, la vingtième dans certains cas. Le droit à l’avortement est donc légal et toute femme souhaitant y avoir recours devrait pouvoir le faire dans de bonnes conditions. La réalité est tout autre.
Sur les 505 centres qui sont habilités à le faire, seulement 264 le pratique. Selon le rapport d’Amnesty SA, le personnel médical a le droit à « l’objection de conscience » et il y a souvent recours parce que beaucoup d’ignorance, de croyance, de fausses informations sont encore présentes dans l’opinion publique et dans le corps médical. Le ministre de la Santé lui-même fait souvent la remarque que les femmes utilisent l’avortement comme méthode de contraception, ce qui n’est prouvé par aucune étude sérieuse.
L’obstacle majeur reste les conditions pratiques d’accès à un centre d’interruption de grossesse, surtout pour les femmes des zones rurales. Les transports sont longs et coûteux bien au-delà des moyens d’une femme qui travaille dans une exploitation agricole ou qui reste au village. Les viols et la prévalence des infections au VIH sont aussi des obstacles, car si la priorité est mise sur la lutte contre le sida, peu d’information et de moyens sont donnés aux femmes pour mettre fin à une grossesse non désirée.
L’information sur le droit et les conditions d’un avortement légal fait dans de bonnes conditions n’est pas assez diffusée et il existe toujours une confusion sur la légalité ou non de cette intervention. Cette ignorance pousse encore trop de femmes à avoir recours à un avortement clandestin, fait dans des conditions déplorables. Faute de statistiques fiables, on estime à plus de 1000 le nombre de femmes qui meurent chaque année d’un avortement clandestin.
Si la loi adoptée en 1997 marque une avancée dans le droit des femmes à l’avortement, l’Afrique du Sud ne respecte pas le protocole de Maputo en n’offrant pas l’information et les conditions pratiques d’accès à un centre d’interruption de grossesse qui fonctionne bien.
L’arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis va rendre la tâche des ONG qui se battent pour le droit des femmes à l’avortement encore plus difficile, puisqu’il a décidé de leur couper les vivres et le lobby anti-avortement sud-africain veut diminuer de moitié le nombre de centres d’interruption de grossesse.
Au-delà du texte de loi, il y a peu d’efforts du côté gouvernemental pour la mettre vraiment en pratique. Nkosazana Dlamini-Zuma qui pourrait être la future présidente de l’Anc et de l’Afrique du Sud transformera-t-elle son propos « il faut toujours se battre pour les droits à la sexualité et à la reproduction » en propositions concrètes pour que les femmes aient la pleine et entière maîtrise de leurs corps ?
Publié le vendredi 3 février 2017
© RENAPAS
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