Brian Molefe a annoncé par une lettre sa décision de quitter son poste à la tête d’Eskom, compagnie nationale d’électricité. Cité dans le rapport de la médiatrice de la République, Thuli Madonsela, qui met en cause, outre le Président Zuma, de nombreux hommes politiques et responsables d’entreprises publiques, sa démission annonce-t-elle la chute d’autres têtes ?
Le rapport de la médiatrice, State of Capture, montre que les relations entre Brian Molefe et Ajay Gupta n’étaient pas fortuites. Pas moins de 58 téléphoniques entre les deux hommes ont été relevées entre les mois d’août 2015 et mars 2016 et la présence de Brian Molefe près de la résidence de Saxonwold de la famille Gupta a été signalée 19 fois entre le 15 août 2015 et le 7 novembre 2015.
Au cours d’une conférence de presse à l’issue de la publication du rapport, il avait tenté de se justifier en affirmant qu’il fréquentait un shebeen proche de la résidence des frères Gupta. La ficelle est un peu grosse car un shebeen n’est pas le genre d’estaminet que l’on trouve dans les quartiers résidentiels de Johannesburg. On connait plus les shebeen des townships où la bière coule à flot entre copains et coquins.
Brian Molefe avait été nommé en avril 2015 et la situation d’Eskom s’était sensiblement améliorée. Surnommé « Mister Fix it », il avait réussi à éviter les coupures et délestages de courant qui était devenus le cauchemar des usagers de la compagnie électrique. Ces coupures avaient eu un impact négatif sur l’activité économique du pays, en particulier les mines, grosses consommatrices d’énergie. Il avait aussi réussi à assainir les finances de la compagnie nationale.
Le Président du conseil d’administration d’Eskom, Ben Ngubane, a salué le travail de Brian Molefe et déclaré qu’il comprenait sa décision. Brian Molefe quittera définitivement son poste au 1er janvier 2017, la Ministre des entreprises publiques, Lynne Brown nommera un responsable intérimaire.
Brian Molefe qui avait éclaté en sanglots à la suite de la publication du rapport affirme qu’il n’a rien fait de mal, que ce rapport le présentait comme un homme corrompu alors qu’il n’y a aucune preuve et de faits avérés dans le rapport. Dans sa lettre il explique qu’il démissionne dans l’intérêt de l’entreprise, que sa démission n’est pas un aveu d’avoir mal fait et qu’il prouvera son innocence le temps venu.
Les réactions ont été nombreuses à la suite de cette décision spectaculaire. Corruption Watch est convaincu que Brian Molefe n’a pas pu agir sans le consentement de tout le conseil d’administration d’Eskom et que celui-ci devrait démissionner en bloc. Pour Green Peace Africa, c’est une victoire car Brian Molefe était connu pour sa position pro nucléaire et anti énergies renouvelables ; pour les partis politiques, sa démission n’épargnera pas à Brian Molefe sa comparution devant la justice.
Dans le rapport ce sont cinq entreprises publiques qui sont mentionnées. D’autres têtes vont-elles tomber ? La veille de la démission de Brian Molefe, la motion de censure déposée par le parti d’opposition Alliance démocratique, contre le Président Zuma a été rejetée, laissant à celui-ci un répit pour préparer sa défense contre les multiples allégations de corruption et fraude du rapport State of Capture. L’Anc tout en soutenant le président Zuma, réfléchit sérieusement à sa succession.
Publié le samedi 12 novembre 2016
© RENAPAS
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