C’est l’histoire d’un self–made man, un migrant indien qui débarque à Johannesburg en 1993 et ouvre un magasin de chaussures. La capitale économique de l’Afrique du Sud en a vu des migrants venus des quatre coins du monde et qui ont fait fortune : les Rhodes, les Rupert, les De Beers…
Mais le cas d’Ajay Gupta et de ses frères, est vraiment exceptionnel. Originaire de l’état d’Uttar Pradesh, où politique, crime organisé et organisation sociale en castes est l’endroit idéal pour ceux qui ont beaucoup d’ambition et aucune morale, Ajay Gupta a appliqué ces méthodes avec persévérance dans son pays d’accueil. Il a, avec ses frères, réussi à se lier d’amitié avec les proches du pouvoir, et à agrandir le cercle de ses relations jusqu’au cœur du pouvoir : le Président Jacob Zuma.
Après la voie était libre pour concocter les affaires les plus vénales et les plus juteuses. Achat de mines, de journaux, d’entreprises, le vertige de l’argent et du pouvoir n’a plus connu de limites et la famille Gupta a réussi le casse du siècle : la main mise sur l’état sud-africain.
Ne mettant jamais en doute le pouvoir de séduction de l’argent, ils convoquaient dans leur somptueuse résidence, avec l’accord du président, ceux qui devaient faciliter leur enrichissement et ils leur offraient des postes de ministres contre une enveloppe bien garnie. Ce sont eux qui sont à l’origine de la valse des ministres des finances en décembre 2015, parce que le pressenti ministre a refusé tout net le marché.
Ils avaient un faible pour les entreprises publiques qui pouvaient leur rapporter gros. Par exemple Eskom à qui ils pouvaient vendre aux prix fort du charbon, payable à l’avance, pour les centrales thermiques. Il ambitionnait aussi, après avoir acheter une mine de platine, devenir le fournisseur des futures centrales atomiques que la Russie allait bientôt livrer à l’Afrique du Sud.
Ajay Gupta avait abandonné le commerce des chaussures, pour chausser les bottes d’un géant des affaires et de la finance. Mais sur toutes les routes, il y a des cailloux et la famille Gupta vient de se prendre les pieds dans les pages du rapport de l’ex-médiatrice de la république, Thuli Madonsela, qui a demandé l’ouverture d’une enquête pour démêler une pelote d’embrouilles et entourloupes où les fils de la politique se mêlent à ceux des affaires.
Le marchand de chaussures va-t-il se retrouver nu pieds à errer comme un sadhu sur les chemins indiens ? Prévoyant, il a gardé une poire pour la soif chez ses amis du Golfe. Ce sont ses amis politiques sud-africains qui vont devoir rendre des comptes
Publié le dimanche 6 novembre 2016
© RENAPAS
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