Les sondages se sont trouvés confirmés au fur et à mesure du dépouillement des bulletins de vote : l’Anc perd du terrain, l’Alliance démocratique, DA, progresse et le parti des salopettes rouges de Julius Malema, les Combattants de la liberté économique, EFF devient incontournable dans le paysage politique.
Les résultats définitifs ne sont pas encore annoncés, mais les premiers résultats connus et définitifs donnent déjà un aperçu du nouveau paysage politique de l’Afrique du Sud. L’Anc reste le parti le plus fort en engrangeant plus de 14 millions de voix, mais il perd en pourcentage en passant en dessous de la barre fatidique des 60%. Il n’est plus le parti hégémonique et devra composer avec une opposition renforcée. Son principal adversaire, l’Alliance démocratique emporte la municipalité de Nelson Mandela Bay, un fief industriel et conforte ses résultats dans la ville du Cap et de la province du Cap occidental. Il est au coude à coude à Twshane, la capitale politique et Johannesburg, la capitale économique. Il faudra imaginer une coalition pour obtenir une majorité.
Les premières analyses montrent que l’Anc n’a pas réussi à convaincre l’électorat de sa volonté de changement. Les électeurs ont montré qu’ils voulaient en finir avec la corruption, les scandales à répétition, les promesses non tenues et ont préféré faire confiance pour le changement à des partis d’opposition. Deux dirigeants de moins de quarante ans ont réussi à être plus convainquant que les anciens et expérimentés politiciens de l’Anc.
L’Anc, s’il maintient sa popularité dans les provinces rurales perd du terrain dans les zones urbaines où de nouvelles couches sociales de jeunes diplômés noirs se sont installées. Pour cette population le modèle de la réussite sociale n’est plus forcément le héros de la lutte anti-apartheid, mais celui qui a réussi à profiter de l’ascenseur social du Black Economic Empowerment, la discrimination positive. Mise en place par le parti au pouvoir, il semblerait que l’Anc n’a pas su séduire ces nouveaux urbains, plus attirés par le discours lisse et bien modelé par le libéralisme ambiant d’un Msumi Maimane, le dirigeant noir du parti DA.
La campagne électorale émaillée de violence dans les fiefs de l’Anc a mis à nu les luttes de faction au sein du gouvernement et de l’Alliance tripartite. Dans le Kwazulu Natal, le parti IFP de Buthelezi refait surface et comble de l’ironie la résidence du Président Zuma à Nklanda est dans une municipalité maintenant dirigée par l’Inkhata Freedom Party !
Les divisions au sein de l’alliance tripartite, ANC, Cosatu , Sacp sont plus profondes que jamais en dépit du ralliement des deux alliés à la campagne électorale de l’Anc. La perte de la métropole de Nelson Mandela Bay, fief de la classe ouvrière et de son syndicat Cosatu, est un indicateur du désarroi de la classe ouvrière sud-africaine face à la crise économique et au chômage.
Le Sacp, très critique vis-à-vis de l’emprise de la famille Gupta sur l’économie, et qui a apporté son soutien aux journalistes limogés par la direction de la radio télévision nationale SABC, a montré qu’il désavouait l’action gouvernementale. Il risque d’en payer le prix fort au remaniement ministériel qui ne manquera pas de suivre le résultat des élections du 3 août.
Sans attendre la proclamation officielle des résultats complets et les analyses fines qui en seront faites, le paysage politique sud-africain est bien en pleine recomposition.
Publié le vendredi 5 août 2016
© RENAPAS
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