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Il y a 40 ans les jeunes de Soweto affrontaient la police de l’apartheid

La révolte du 16 juin 1976 a marqué un tournant dans la lutte contre l’apartheid. La jeunesse sud-africaine, en refusant une éducation au rabais, en affrontant les balles de la police, a montré au monde entier qu’un régime totalitaire et racial n’avait pas de chance de survie. Après plus de 20 ans de gouvernement démocratique, la jeunesse sud-africaine peut-elle rêver d’un monde meilleur ?

Les émeutes de Soweto ont bouleversé l’opinion publique comme le massacre de Sharpeville en 1960. Les photos de la police tirant sur des jeunes désarmés ont fait le tour du monde comme celles des manifestants de Sharpeville fuyant la police qui tirait dans leur dos.

Cette police de l’apartheid dont les méthodes brutales ont été exposées à la Commission Vérité et Réconciliation, a été largement transformée en y intégrant toutes les polices des bantoustans, en multipliant les formations aux normes occidentales, en améliorant les salaires, un policier débute sa carrière avec un salaire mensuel de 13000 rands (754 euros), alors que 60% des sud-africains gagnent 5000 rands(290 euros) par mois, elle n’en reste pas moins violente.

Les exemples de cette violence policière sont quotidiens dans les bidonvilles où elle réprime avec brutalité les habitants qui protestent contre leurs conditions de vie, elle n’hésite pas à tirer sur les immigrés, elle a montré la plus grande sauvagerie en tirant de sang-froid sur les mineurs de Marikana qui réclamaient des salaires décents pour vivre. Cette énumération a un facteur commun : les victimes des violences policières sont noirs, le plus souvent des jeunes hommes noirs.

Cette violence de la police est à mettre en parallèle avec les déclarations de plus en plus musclées du pouvoir face à une montée de la criminalité qu’il s’est révélé incapable d’enrayer. Dès 1999, le ministre de la sécurité demandait à la police « de traiter les criminels comme un chien le fait avec son os » ; en 2010 la police a été militarisée et on a clairement dit à la police de « tirer pour tuer ».

Cette spirale de la violence reflète la confusion entretenue par le pouvoir entre « criminels » et « manifestants », entre ceux qui tuent pour tuer et ceux qui protestent contre leurs conditions de vie déplorables, contre ceux qui dénoncent les inégalités de plus en plus grandes entre les riches et les pauvres et les gangs mafieux qui braquent les banques et font des casses spectaculaires.

On demande à la police de faire un travail de titan sans lui en donner les moyens. Comment assurer la sécurité dans les townships et bidonvilles où il n’y a pas d’éclairage public, ou l’enchevêtrement des baraques est un coupe-gorge pour celui qui s ‘y aventure. La criminalité, contrairement à ce qui est trop souvent dit, touche d’abord les plus pauvres, les femmes sont violées quand elle se rendent aux latrines publics, la drogue reste le seul paradis accessible à trop de jeunes.

L’éducation, que les jeunes qui ont sacrifié leurs vies à Soweto, voulaient n’est pas encore au rendez-vous. Les dernières émeutes, en mai dernier, dans la province du Limpopo entre plusieurs municipalités à propos des limites administratives, ont privé les enfants de tout enseignement pendant des semaines, les écoles, les bibliothèques, les bâtiments publics ayant été incendiés. Le Limpopo est une province rurale, pauvre où les résultats scolaires sont mauvais.

Le sacrifice des jeunes de Soweto n’a pas été vain, c’est en partie grâce à eux qu’il y a maintenant une génération de « born free » qui ont le droit de vote, qui circulent librement et qui n’ont pas connu les descentes de police avec les chiens, les déplacements forcés, la prison et la torture.

Mais pour que la police ne soit pas débordée par des gens en colère, lassés d’attendre la vie meilleure qui ne vient pas, et qu’elle fasse usage de ses armes pour faire régner l’ordre, il faudrait que l’éducation forme efficacement les jeunes, qu’ils trouvent un emploi et que les richesses les plus obscènes cessent de s’étaler au milieu de la pauvreté qui touche toujours la majorité de la population sud-africaine, c’est à dire la population noire.

Plus d'informations : The Conversion

Publié le jeudi 16 juin 2016


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