Gupta ? Guptacratie ? Gutagate ? Guptarisation ? Guptariser ? Gupta est sur toutes les lèvres, dans toutes les têtes, dans les placards, dans les tiroirs, Gupta par ici, Gupta par là. Ce n’est pas une nouvelle danse, ni un nouveau jeu vidéo, non c’est un simple nom de famille. Celui d’une famille indienne, si riche qu’elle a cru pouvoir acheter des ministres, comme elle a acheté des entreprises, des mines, des journaux et des radios en Afrique du Sud où elle s’est installée en 1993.
L’étonnante valse des ministres des finances en décembre dernier avait surpris, mais les révélations de ces derniers jours ont stupéfié les citoyens sud africains. Ce n’est pas le président élu qui choisit ses ministres comme la constitution lui en donne la prérogative, ce sont les Guptas ! Autrement dit votez, nous ferons le reste !
Le vice ministre des finances a craché le morceau, une ancienne députée a elle aussi raconté son histoire, l’ancien conseiller en communication du président aussi, le ministre des mines hésite encore à le dire clairement, mais lui aussi est sous l’influence des Guptas ! Un des fils de Jacob Zuma avait du mal à faire sa place dans le monde des affaires ? Qui lui a donné un petit coup de pouce ? les Guptas ! Comme la liste s’allonge chaque jour, le secrétaire général de l’Anc a demandé à tous ceux qui avaient été séduits ou avait failli se laisser séduire par les frères Guptas de venir tout raconter à Luthuli House, le siège du parti.
Une enquête menée par les journalistes d’amaBhungane, a réussi à démêler les fils d’une pelote qui mènent tous à la famille Gupta qui a mis la main sur les principales entreprises d’état Eskom et Transnet et à influencer le gouvernement dans sa politique des mines et de l’énergie, deux secteurs clés de l’économie du pays. L’article intitulé The ’Gupta owned’ state enterprises est illustré d’un visuel qui permet de ne pas se perdre dans le dédale des amis et relations des frères Gupta qui détiennent des postes clé et d’arriver à savoir à qui appartient quoi.
La classe politique a aussitôt réagi et pas seulement l’opposition. Le Parti communiste sud-africain a lui aussi demandé une commission d’enquête qui permette de faire la clarté sur l’étendue de la main mise des Guptas sur l’appareil d’état. La réunion du Comité national exécutif de l’Anc n’avait pas mis le Guptagte à l’ordre du jour, mais dans la conférence de presse qui a suivi, a Mantashe, le secrétaire général, a exprimé « le mépris le plus absolu » pour l’ingérence de la famille Gupta dans les affaires du gouvernement et de l’Anc ; il a aussi fustigé « l’arrogance, le manque de respect et le manque de sérieux du journalisme déployé dans les colonnes de The New Age, ou sur la chaîne de télévision ANN7, médias qui appartiennent à la famille Gupta, qui ont parlé de l’Anc comme un groupe de factions anti ou pro Zuma ».
Les vétérans de la lutte contre l’apartheid ont aussi exprimé « leur grave inquiétude » dans une lettre adressée au Comité national exécutif de l’Anc en lui rappelant que « le pays était à un tournant …il est urgent de faire des choix et de prendre les mesures nécessaires dans le meilleur intérêt de l’Afrique du Sud et de son peuple » et de justifier cet appel « pour rester fidèles à nos Pères fondateurs de continuer comme eux à être les champions de la liberté et de la démocratie pour notre peuple. C’est pour cette cause « qu’il étaient prêts à mourir ». Denis Goldberg, un survivant du procès de Rivonia avec Ahmed Kathrada et Andrew Mlangeni , s’est dit « trahi » par la direction de l’Anc.
L’échéance électorale des mois prochains sera une rude épreuve pour le parti au pouvoir et ce n’est pas sûr qu’il retrouve la confiance des ses électeurs échaudés par une cascade de scandales et qui ne voit guère arriver cette vie meilleure pour tous promise depuis plus de 20 ans.
Publié le mercredi 30 mars 2016
© RENAPAS
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