L’annonce de la libération conditionnelle de Janusz Walus, l’assassin de Chris Hani a été accueillie avec colère et inquiétude par la famille et les camarades de lutte du dirigeant communiste assassiné le 10 avril 1993 devant sa maison et sous les yeux de sa fille. Toute la vérité n’a pas été faite sur les raisons de ce meurtre politique qui a failli plonger l’Afrique du Sud dans la guerre civile.
La juge du Tribunal de Pretoria, Nicoline Janse Van Nieuwenhuizen, a pris la décision de libérer sous condition après 23 ans de prison, Janusz Walus, l’assassin de Chris Hani, secrétaire général du parti communiste, membre de la direction de l’ANC et responsable du mouvement armée, Umkhunto We Sizwe. A l’annonce de sa mort, une vague de colère avait enflammé les townships au point que le pays pouvait à tout moment basculé dans le bain de sang. Il a fallu toute la force politique des dirigeants de l’ANC et la carrure emblématique de Nelson Mandela pour calmer les esprits et exiger avec force la poursuite des négociations et la tenue d’élections pour sortir le pays de la violence. La période des négociations entre 1991 et 1994 a été une des plus violentes du pays avec plus de 10 000 morts.
Après la libération, pour raison médicale, de Clive Derby-Lewis, les deux tueurs sont libres. Derby-Lewis, un responsable d’un mouvement d’extrême droite avait fourni l’arme à Walus, un ressortissant polonais, recruté pour tuer Chris Hani. Aucun d’eux n’a jamais exprimé le moindre remords et la famille et les proches sont persuadés que toute la lumière sur les raisons de ce meurtre est loin d’’avoir été faite ; si les exécuteurs ont bien été arrêtés, jugés et condamnés à la prison à vie, nul ne sait qui est le commanditaire du meurtre.
Les propos de la juge suggérant qu’il était temps d’oublier et d’aller de l’avant et qu’il fallait montrer de la compassion pour le meurtrier ont particulièrement irrité la famille, le Sacp, le Cosatu et l’Anc qui ont décidé de faire appel de la décision ; les trois formations ont chacune publié des déclarations pour condamner la décision.
Le Cosatu conclut sa déclaration en réaffirmant que « la famille de Chris Hani et le peuple sud-africain mérite de connaître toute la vérité sur ceux qui ont comploté et commis le meurtre ». Le Sacp se dit déterminé, avec la famille de Chris Hani, à faire appel. En ce qui concerne le pardon, le Sacp affirme que « le fondement du pardon est la connaissance de la vérité, de toute la vérité. Ce n’est pas parce que que Janusz Walus a écrit une lettre demandant à rencontrer la famille qu’il est prêt à révéler l’entière vérité sur le meurtre du camarade Chris Hani ».
L’Anc se dit choqué que la décision de libérer l’assassin de Chris Hani intervienne juste un mois avant la 23ème commémoration du meurtre. « C’est ne montrer aucune appréciation de l’impact du meurtre de Chris Hani, non seulement, pour l’ANC et le SACP, mais sur l’Afrique du Sud toute entière. Le Congrès national africain exige que Janusz Walus soit immédiatement renvoyé dans son pays d’origine et ne revienne jamais plus en Afrique du Sud ».
Plus d'informations : Cosatu Today
Publié le jeudi 10 mars 2016
© RENAPAS
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