Choc, surprise, stupeur, incroyable nouvelle : le Président Jacob Zuma a congédié le ministre des finances Nnhlanhla Nene pour le remplacer sans donner de raisons. Si le choix des ministres fait partie des prérogatives du président, ce geste intempestif apparait pour beaucoup comme un caprice présidentiel plutôt qu’un choix réfléchi au service du pays.
Alors que le Ministre Nene avait montré beaucoup de compétences dans une situation économique difficile, qu’il avait su gagner la confiance des milieux d’affaires et appliquer une strict politique fiscale, son limogeage apparait pour de nombreux commentateurs comme un différent profond sur des questions délicates : le programme nucléaire et la gestion de la compagnie aérienne nationale South African Airways.
Le Ministre des finances avait émis beaucoup de doute sur la possibilité financière du pays de répondre à l’achat de six à sept centrales nucléaires. Ce projet démesuré avait suscité par ailleurs beaucoup de questions sur sa faisabilité, le choix du nucléaire étant loin de faire l’unanimité dans le pays. L’annonce de cette option pour répondre aux besoins énergétiques du pays avait aussi suscité un tollé car elle n’avait donné lieu à aucun débat démocratique
Le ministre des finances s’était frontalement opposé à Dudu Myeni la toute puissante PDG de SAA, proche de Jacob Zuma, à propos d’une renégociation avec Airbus pour l’achat de nouveaux appareils et surtout à l’achat d’un nouvel avion présidentiel dont le coût exorbitant avait choqué l’opinion publique alors que le pays traverse une crise économique dont tout le monde fait les frais, en particulier les plus pauvres.
Le Ministre Nene, dont l’intégrité et la rigueur était connues et appréciées a refusé de céder aux pressions en faveur des proches de Jacob Zuma ce qui lui a valu d’être remercié à quelques jours de la pause estivale peu propice à l’activité politique, le Parlement ne siégeant pas jusqu’au début du mois de février.
Le nouveau ministre David Douglas Des van Rooyen, est peu connu. Député de l’Anc, maire d’une ville moyenne du Gauteng, il siège à la commission des finances, mais il a peu fait parler de lui. Personne ne s’attendait à cette nomination, mais plutôt à la nomination du vice Ministre des Finances. Les rumeurs vont bon train aussi sur la possibilité d’autres limogeages du personnel du ministère des finances et il semble aussi que le Ministre de l’économie soit sur un siège éjectable.
La nouvelle de ce remaniement ministériel a surpris désagréablement le monde des affaires qui s’inquiète de l’impact que cette nouvelle nomination va avoir sur l’économie fragile du pays. Déjà le rand a plongé et s’échange à 15 rands pour un dollar, les agences de notation s’apprêtent à mettre l’Afrique du Sud dans le lot infamant des « junk states » ce qui est un coup fatal porté aux investissements étrangers dont le pays a besoin.
Le quotidien Daily Maverick exprime tout le désarroi du pays par cette conclusion : « Limoger un ministre des finances d’une manière aussi imprévue alors que l’année se termine est tout simplement bizarre et périlleux pour la santé fiscal du pays. Ce n’est pas une décision stratégique. C’est une décision illogique et irrationnel que l’Afrique du Sud va payer cher ».
Mais c’est aussi montrer que personne ne peut s’opposer aux caprices du prince et de sa cour.
Publié le jeudi 10 décembre 2015
© RENAPAS
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