Catherine et Cyril Wagner tous les deux nonagénaires en fauteuil roulant, et Yassiem Beckles, quatre ans, ans, en tête des manifestants, sont venus demander au maire du Cap de pouvoir retourner vivre dans le quartier de leur jeunesse, District Six, d’où ils ont été expulsés par le régime d’apartheid.
Partis de la péninsule du Cap jusqu’au centre ville, les manifestants ont déposé un mémorandum du District Six Working Committee au représentant de la mairie du Cap relevant tous les griefs des anciens habitants de ce quartier qui attendent toujours une réponse à leur demande de relogement, comme Catherine et Cyril qui l’ont déposée en 2000.
Le vœu le plus cher de Catherine est de retourner vivre dans District Six, là où elle est née, avant de mourir. Entre les slogans et les chants malais traditionnels, Catherine raconte sa vie.
« C’est magnifique d’avoir cet enfant à nos côtés dans cette manifestation, parce que nous nous battons aussi pour leur avenir. Quand j’avais son âge, nous n’avions aucune raison de manifester, parce que la vie était belle dans District Six. Nous avions tout ce que nous souhaitions ».
Catherine s’est marié en 1944 avec un jeune homme du quartier de Bo Kaap. Le jeune couple est allé vivre au 213 Hanover Street, un quartier riche de la diversité de ses habitants, grouillant de vie. Mais le 27 septembre 1973, il a bien fallu céder devant le harcèlement des représentants du régime d’apartheid et de la police et partir. « C’était un jour très triste pour nous. L’anniversaire le plus triste de ma vie, j’avais 49 ans ce jour-là. Dans notre rue, Hanover Street, nous vivions ensemble en paix avec tout le monde, les musulmans et les chrétiens. Nous formions une grande famille. Je ne l’oublierai jamais ».
Le couple, comme tous les autres habitants non blancs, a du s’installer en dehors du centre ville. Pour les Wagner, ce fut à Silvertown à Athlone, le quartier réservé au Métis. Cette bande de terre qui longe la mer appelée Cape Flats, toujours facilement inondable, où les townships pour la population noire se suivent en s’éloignant toujours plus du centre ville, a été un foyer de la lutte anti-apartheid.
Pour Catherine et Cyril, l’apartheid serait vraiment un souvenir des années les plus sombres de leur vie, s’ils pouvaient obtenir un logement dans District Six. « J’aimerais tant revenir là où je suis née, avant de mourir. Mon mari et moi, nous sommes là dans cette manifestation parce que nous voulons dire au maire que nous voulons revenir vivre dans District Six. Nous avons attendu assez longtemps ».
Les déplacements forcés de presque quatre millions d’habitants, sur un critère racial, ont été qualifiés de crime contre l’humanité par les Nations unies et ont mis l’Afrique du Sud de l’apartheid au ban des nations jusqu’en 1994.
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Publié le vendredi 6 novembre 2015
© RENAPAS
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