Dans une intervention télévisée le Président Zuma a rendu public le rapport de la commission d’enquête du juge Ian Farlam sur le massacre de 34 mineurs grévistes le 16 aout 2012. Si la police et la compagnie Lonmin ne sont pas épargnées, les ministres des mines et de la police ainsi que Cyril Ramaphosa, l’actuel vice-Président, sont dédouanés de toute responsabilité.
Près de trois ans après le drame, un document de plus de 600 pages est rendu public pour finalement dire ce que les témoins ont dit depuis longtemps : la police a tiré sur les mineurs pris au piège entre les barbelés qui les encerclaient et les véhicules de la police. Tués comme du gibier.
Riah Phiyega, la cheffe nationale de la police et sa collègue au niveau provincial, Zukiswa Mbombo qui vient de prendre sa retraite, sont bien désignées comme responsables « du plan tactique » qui consistait à désarmer les mineurs et à tirer en cas de refus. Plus grave encore elles ont menti à la commission en affirmant que la décision de tirer avait été prise devant l’escalade de la situation, alors qu’elle avait été planifié la veille, le 15 août au cours d’une réunion nationale. Le parquet doit déterminer « si elles sont état de conserver leurs postes et si elles sont coupables d’avoir essayé de tromper la commission ». Le juge Farlam conclut que les opérations de police « ont été mal organisées et que le mauvais commandement des opérations sont la cause de la mort des 34 mineurs ce 16 aout ».
La compagnie Lonmin est aussi tenue pour responsable pour être restée sourde aux demandes des grévistes, avoir ordonné la reprise du travail alors que la sécurité n’était pas assurée et surtout de n’avoir rien fait pour améliorer les conditions de vie des mineurs. Les compagnies minières sont tenues d’après le code minier de veiller à la rénovation et la transformation des « hostels » en résidences correctes pour les mineurs et leurs familles.
Ce qui est plus étonnant c’est que le Ministre de la police, Nathi Mthethwa, la Ministre des mines, Susan Shabangu et le vice président Cyril Ramphosa sont totalement dédouanés de toute responsabilité selon les paroles du Président Zuma : « la commission a trouvé que l’exécutif n’a joué aucun rôle dans la décision de mettre en œuvre l’option tactique du 16 août 2012, si les grévistes ne déposaient pas leurs armes, ce qui a conduit à la mort de 34 personnes ».
Pour les familles des victimes et ceux qui ont été gravement blessés le compte n’y est pas. Aucune indemnité n’est prévue, alors que les veuves et les enfants des mineurs tués sont sans ressources. Dans un communiqué publié par Khulumani Support Group, elles ont redit ce qu’elles avaient déjà dit devant la commission.
Pour elles il y a trois responsables : Lonmin ; la police et le gouvernement. En ce qui concerne le gouvernement, elles déclarent « Nous croyons que l’Etat est coupable car son rôle en tant que gouvernement élu démocratiquement était de trouver une résolution pacifique et juste à ce conflit du travail. Il est clair qu’il ne l’a pas fait. Avec Lonmin, ils ont dit que nos chers disparus étaient engagés dans une action criminelle et pas dans un conflit du travail, ils ont pris la décision d’y mettre fin par tous les moyens. Ils étaient bien conscients que la mort découlerait de cette action, mais ils sont allés de l’avant pour mettre fin à la grève par la force. Nous maintenons que toute cette violence et ces morts sont le résultat des décisions prises par Lonmin et le gouvernement ».
Stuart Wilson, un avocat, directeur du Socio-Economic Rights Institute of South Africa (SERI), dans un article du Daily Maverick exprime sa déception à la lecture du rapport. « L’entière vérité sur le massacre de Marikana, si elle est connue un jour, ne se trouve pas dans ce document biaisé et incorrect, mais qui a coûté très cher ». Les familles ne trouveront dans ce rapport aucune consolation pour la perte violente de leurs proches. Les larmes et le sang pour les pauvres, la gloire et l’argent pour les puissants.
Plus d'informations : Khulumani Support group
Publié le vendredi 26 juin 2015
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