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Qui étaient Moses Kotane et JB Marks ?

Les cendres de deux grandes figures de la lutte de libération du peuple sud-africain viennent d’être rapatriées de Moscou, où ils étaient enterrés dans le cimetière de Novodevitchi. Au moment où l’Afrique du Sud est confrontée à une crise politique et économique, un rappel des luttes et des sacrifices passés n’est pas sans intérêt.

Moses Kotane est né en 1905 dans un village de la province du Transvaal dans une famille pauvre, enfant il gardait les vaches et il n’a pratiquement pas été à l’école. Pour gagner sa vie, il a été domestique, mineur et finalement employé dans une boulangerie industrielle. Il adhère au tout nouveau syndicat des boulangers affilié à la Fédération des syndicats non-européens et en 1928 il rejoint l’Anc, puis il quitte le mouvement, le trouvant trop timoré et inefficace et il rejoint le Parti communiste d’Afrique du Sud, CPSA, en 1929.Finalement, il revient vers l’Anc et sera un de ses dirigeants jusqu’à sa mort en 1978. Dans le même temps, il devient responsable du journal du CPSA, Umsebenzi, élu secrétaire général du parti en 1939, il le restera jusqu’à sa mort. Lui qui n’avait pas pu aller à l’école, deviendra étudiant à Moscou. De retour en Afrique du Sud, il deviendra un des dirigeants le plus influent du CPSA et de l’ANC dont il sera trésorier pendant des années. C’est l’un des fondateurs de l’unité entre le mouvement de libération nationale et la classe ouvrière, travaillant sans relâche à l’unité de toutes les forces progressistes pour lutter contre la tyrannie raciste.

J.B Marks est né en 1903 dans une famille ouvrière de Ventersdorp dans l’ancienne province du Transvaal. Son père travaillait aux chemins de fer et sa mère était sage-femme. Il réussit à faire des études et choisit de devenir enseignant. Très influencé par son père qui était un membre actif de l’Anc, son esprit rebelle le fait renvoyer de son poste d’enseignant. Il adhère à l’ANC et au PCSA en 1928.Il participe à toutes les actions contre les lois coloniales injustes et en 1932 il est « le candidat » du parti communiste à des élections locales alors que les Noirs n’ont pas le droit de vote. Dès 1942, il est actif dans le mouvement syndical et il est élu Président du Syndicat des mineurs (AMU) qui jouera un très grand rôle dans les luttes pour améliorer le sort des mineurs. Le 4 avril 1946 le syndicat AMU décide la grève générale. Plus de 100 000 mineurs suivirent le mot d’ordre, dix mines furent obligées de fermer. La répression fut sauvage : neuf mineurs furent tués et 1248 blessés selon les chiffres officiels. Les mineurs reprirent le travail sous surveillance de l’armée et tous les dirigeants furent arrêtés et condamnés à des peines de prison et des amendes. Après l’arrivée au pouvoir du Parti national en 1948, la loi sur la suppression du communisme de 1950 veut faire taire les voix qui s’élèvent contre ce régime raciste. La manifestation du 1er mai se terminera dans un bain de sang : 18 morts et 30 blessés. Après le massacre de Sharpeville en 1960, le Pcas entre dans la clandestinité comme l’Anc et une partie des dirigeants quittent le pays pour travailler autour d’Oliver Tambo à faire connaître la réalité du système d’apartheid et faire grandir la solidarité internationale. JB Marks séjournera en Tanzanie où victime d’une attaque cérébrale, il sera envoyé à Moscou pour y être soigné et où il mourra deux ans plus tard, en 1974.

Tous les dirigeants ont rendu hommage aux deux héros de la lutte et ils n’ont pas manqué de louer leur dévouement et leur intégrité. Le Ministre des Arts et de la Culture a rappelé que « la mémoire et l’héritage de ces deux figures emblématiques de la lutte continuent à définir les aspirations et l’idéal de la société que nous voulons : une société juste, égalitaire et prospère. Nous sommes convaincus que le rappel de l’histoire de ces figures légendaires sera pour nous une inspiration et nous rappellera d’où nous venons ».

Le Cosatu n’a pas manqué d’évoquer que l’histoire des deux hommes, dirigeants de l’Anc, du Parti communiste et syndicalistes, préfigurait l’Alliance tripartite d’aujourd’hui. Un rappel utile alors que le Cosatu est en proie à des divisions profondes et que le gouvernement actuel semble avoir oublié d’où il venait alors que la corruption et l’enrichissement personnel font rage à tous les niveaux. « Bien que les défis soient différents aujourd’hui, nous avons désespérément besoin de dirigeants déterminés à dévouer leur vie à la lutte contre le chômage, la pauvreté et les inégalités… La transition vers une société démocratique et non raciale et l’arrivée au pouvoir de l’Anc par les élections de 1994 a été possible grâce des dirigeants comme eux… » peut on lire dans la déclaration du Cosatu

Les dépouilles des deux héros seront solennellement inhumées dans la Province du Nord-ouest, l’ancien Transvaal, au mois de mars.

Source Umsebenzi on line

Plus d'informations : Cosatu Media monitor

Publié le jeudi 5 mars 2015


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