La commission Farlam, du nom de son président, le juge Ian Farlam a terminé ses travaux après 300 jours d’audience. Le rapport final sera remis au Président Zuma au mois de mars 2015. Cette commission était chargée de faire la lumière sur la tragédie du 16 août 2012 quand 34 mineurs ont trouvé la mort dans des affrontements avec la police.
La Commission Farlam a aussi tenté d’éclaircir les circonstances des meurtres qui ont précédé l’affrontement du 16 août. Dix personnes avaient trouvé la mort au cours des mois de tension extrême autour de la mine, précédant le drame. Deux policiers et deux gardes de sécurité avaient été assassinés. Au cours de la fusillade du 16 août 34 mineurs ont été tués par balles, 70 ont été blessés et 250 ont été arrêtés.
Pour les familles des victimes cette longue procédure peut semblait vaine car pour le moment personne n’a été reconnu coupable de meurtre, alors que tous les rapports d’autopsie ne laissent aucun doute : les mineurs ont été tués par balles et par la police. Comme le dit avec ironie un journaliste : il ne reste plus qu’à déterminer si cette tuerie a été légale ou illégale.
Les familles des mineurs ont accepté de faire le voyage, de laisser leur travail quand ils en avaient un, de laisser les enfants à la garde des grand-mères ou des voisines dans l’espoir de connaître la vérité sur la mort d’un mari, d’un frère, d’un père dont le salaire faisait vivre la famille. Elles espéraient un peu de vérité, ils n’en auront eu aucune. Elles auront entendu de longues plaidoiries, des mensonges, des excuses, mais rien de solide pour reconstruire leur vie.
Ces familles qui n’ont plus de revenus pour vivre devraient recevoir des indemnités. C’est ce que demandent les avocats, les organisations comme Benchmark, Legal Centre Ressources et la Commission sud-africaine des droits de l’homme (SAHRC) qui demande que « la Commission recommande au président que des fonds soient immédiatement disponibles pour les trois catégories de victimes », c’est-a-dire les familles des mineurs tués, blessés et aussi ceux qui ont été emprisonnés et torturés dans les locaux de la police.
La compagnie Lonmin devrait être le premier contributeur de ce fonds étant donné les bénéfices engrangés grâce au travail des mineurs et aussi, ce qui a fait scandale, à des placements de capitaux dans les paradis fiscaux, en particulier aux Bermudes. Après la tuerie, Lonmin a promis de payer les frais d’éducation des orphelins, mais elle a fait un tri entre les mineurs tués, les familles des mineurs qui étaient intérimaires sont exclues de la générosité de Lonmin. Des emplois sont aussi attribués aux membres de la familles, mais ce n’est pas de gaité de cœur que l’on descend au fond de la mine et de toute façon il n’y pas d’autres emplois dans la région.
Les mineurs qui demandaient 12500 rands par mois, soit le doublement de leurs salaires et des conditions de vie décente menaçaient-ils vraiment de faillite leur employeur ? On peut en douter quand avant le massacre 46 millions de dollars de dividendes ont été payés à la compagnie de Cyril Ramaphosa, et que de 2007 à 2012, deux compagnies avaient engrangé 621 millions de dollars de dividendes. Pourtant Lonmin s’était engagé en 2006, en renouvelant sa licence d’exploitation, à construire 5500 maisons pour les mineurs de Marikana. Au moment du drame en 2012, Lonmin avait construit …trois maisons qui servaient de vitrine à la générosité patronale. Un responsable de Lonmin a reconnu devant la Commission qui les mineurs « vivaient dans des conditions effroyables ». . La Commission a entendu tous les protagonistes de la tragédie : les mineurs rescapés, les syndicats, la direction de Lonmin, la police, le gouvernement. Si la responsabilité de la police semble évidente des points restent encore à éclaircir comme la responsabilité de Cyril Ramaphosa que les avocats des mineurs accusent d’avoir fait pression sur la police en envoyant des messages électroniques ambigus qualifiant l’action de grève « d’acte criminel ».
En attendant que la Commission Farlam écrive et transmette son rapport au Président Zuma, les veuves et les familles de mineurs vont continuer à vivre coûte que coûte dans leurs cabanes insalubres, en vivant à crédit pour pouvoir manger, sans savoir pourquoi ceux qui se battaient pour un salaire décent sont morts à Marikana.
Jacqueline Dérens
Publié le mardi 25 novembre 2014
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