L’effondrement d’un silo de stockage du charbon à la centrale de Majuba, dans la province de Mpumalanga, a gravement perturbé la production d’électricité du pays. Un plan d’urgence a été mis en place par la compagnie Eskom pour rétablir la situation. Mais cet incident grave montre à quel point l’Afrique du Sud doit mettre en œuvre rapidement un plan cohérent pour assurer la sécurité énergétique du pays.
En 2008 déjà Eskom avait été incapable de répondre à la demande et le pays avait été plongé dans le noir. Le désengagement de l’Etat et les privatisations avaient amené Eskom a demandé des augmentations vertigineuses du prix de l’électricité pour financer la modernisation des centrales vétustes et la rénovation du réseau.
La production électrique repose essentiellement sur le charbon et pour arriver à faire face à la demande, l’Afrique du Sud avait contracté un emprunt auprès de la Banque mondiale pour la construction de la centrale de Medupi. Conçue en 2007, d’une puissance totale de 4800 MW, Medupi n’est toujours pas en activité. De multiples incidents : grèves des ouvriers du bâtiment, défaut de fabrication des chaudières fournies par Hitachi, défaut des systèmes de contrôle fournis par Alstom, accumulent les retards et vont faire monter la note aux environ de 105 milliards de rands.
L’Afrique du Sud est le seul pays du continent à avoir une centrale nucléaire, Koeberg, construite au temps des sanctions contre l’apartheid avec la technologie occidentale, en particulier Framatome, l’ancêtre d’Areva, mais la centrale a vieilli et doit être rénovée. Areva a emporté le marché devant son rival Westinghouse.
Areva n’est pas sûr pour autant de gagner le marché pour la construction de nouvelles centrales car le Président Zuma aurait fait affaire avec son homologue russe au cours d’un voyage à Moscou, pour l’achat de huit centrales nucléaires auprès de Rosatom. Mais ce contrat mirobolant reste une énigme, non seulement pour le grand public, mais même pour les responsables gouvernementaux. De contradictions en démentis, personne ne peut dire ce qu’il en est exactement.
L’Afrique du Sud a aussi des réserves gigantesques de gaz de schistes dans le désert du Karoo et Shell est sur la ligne départ pour commencer l’exploitation. Mais devant la colère des rares habitants de cette région, des éleveurs de moutons pour la laine mohair, et ceux qui veulent préserver la faune et la flore uniques de cette région et préserver l’eau rare et précieuse du désert, le gouvernement avait imposé un moratoire avant d’accorder la licence d’exploitation aux compagnies étrangères. Le mirage de la création d’emplois et la manne financière attendue pourrait bien faire céder le gouvernement.
Le pays ne manque pas d’atout en énergie renouvelable, solaire et éolien. Déjà des milliers de logements sociaux sont équipés de chauffe-eau solaires et des feux de signalisations fonctionnent à l’énergie solaire. Toutefois, les industries du pays, essentiellement minières et métallurgiques, sont de grosses consommatrices d’énergie et les pannes de courant ont des effets désastreux sur l’économie du pays.
Il faudra bien que le gouvernement fasse des choix rapides, cohérents et clairs pour répondre aux besoins de son économie et des consommateurs, furieux d’être régulièrement plongés dans le noir alors que les tarifs augmentent régulièrement. Il lui faudra aussi prendre en compte les exigences de défense de l’environnement qui s’expriment avec de plus en plus de force au niveau national et planétaire.
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Publié le jeudi 6 novembre 2014
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