A un jour près, deux hommes d’exception sont à l’honneur : le 18 juillet marque l’anniversaire de la naissance de Nelson Mandela et le 19 juillet celui du départ de Gandhi d’Afrique du Sud. Ces deux grandes figures, emblèmes de la lutte contre l’oppression coloniale et les injustices qu’elle génère, ont jeté une lueur d’espoir dans un siècle de désastres guerriers.
Quand Gandhi, jeune avocat, est arrivé en Afrique du Sud en 1893, et qu’il fut expulsé d’un wagon de chemin de fer réservé aux Blancs, il jura de se battre contre « la maladie du préjugé racial ». Il était venu pour défendre les droits bafoués de ses compatriotes, dont beaucoup étaient ouvriers sous contrat dans les plantations de canne à sucre de la région du Natal. Le colonisateur britannique, confronté à des révoltes sociales en Inde, avait, en 1860, massivement envoyé en Afrique du sud des Indiens, pensant atténuer leur colère et leur faim en les exploitant dans leurs plantations sud-africaines.
En 1907 et 1913, Gandhi prit la tête de manifestations contre les injustices faites à ses compatriotes : port d’un « pass » obligatoire, taxes spécifiques pour les Indiens, interdiction des mariages coutumiers, et aussi participation à des grèves dans les mines. Toutes ces actions lui valurent quelques séjours en prison.
La tactique de Gandhi contre l’oppression coloniale est bien connue : la résistance passive et la désobéissance civile. Il encourageait les satyagrahis, (résistants pacifiques) à bruler leurs documents infamants et à se faire arrêter. Cette méthode, déroutante pour les dirigeants britanniques et afrikaners, fut payante puisqu’en 1913, le gouvernement Smuts abolit la taxe réservée aux Indiens, reconnut les mariages indiens, et toute une série de lois indignes furent abrogées.
Cette méthode d’action a profondément marqué les luttes du tout nouveau Congrès national africain, crée en 1912. La lutte de libération s’inspira de cette méthode de désobéissance civile pour mener des actions de masse contre les lois injustes des gouvernements sud-africains successifs. En 1952, la Campagne de défiance, menée par lAnc et le Congrès indien, en est directement inspirée. En 1956 quand la police arrêta 156 manifestants et que le gouvernement les accusa de trahison, on trouvait parmi les accusés des Noirs, des Indiens, des Métis, des Blancs, des hommes et des femmes, communistes et non communistes. Tous les inculpés furent libérés après un procès retentissant connu sous le Procès de Trahison.
Gandhi croyait beaucoup aussi à l’organisation des opprimés contre l’oppresseur qui avait pour lui la force de sa police et de son armée. Il avait organisé ses compatriotes en fondant en 1894, le Congrès indien du Natal et en 1904, le Congrès indien du Transvaal. Ces deux organisations joignirent leurs forces à celle de l’Anc pour lutter contre le régime d’apartheid qui se mit en place en 1948.
Dès 1947, les trois organisations signèrent un pacte surnommé le Pacte des Docteurs car il fut signé par Dr Xuma, Président de l’Anc, Dr Naicker , président du Congrès indien du Natal et Dr Dadoo, président du Congrès indien du Transvaal. Les trois organisations jouèrent un rôle déterminant dans la formation du Congrès de l’Alliance qui réunit 200 organisations en lutte contre l’apartheid à Kliptown en juin 1955, où les quelques 3000 participants rédigèrent et adoptèrent la Charte de la liberté, document de référence pour la création d’une Afrique du Sud non-raciale.
Nelson Mandela tenait Gandhi en très haute estime et lui a rendu hommage en maintes occasions. Gandhi était pour Mandela « l’ archétype du révolutionnaire anticolonial… et tous deux nous avons souffert de l’oppression coloniale et tous deux , nous avons mobilisé nos peuples respectifs contre des gouvernements qui violaient nos libertés ».
Plus d'informations : Ahmed Kathrada Foundation
Publié le lundi 21 juillet 2014
© RENAPAS
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