Epainette Mbeki s’est éteinte après une courte hospitalisation. Elle rejoint le Panthéon des femmes sud-africaines qui ont fait l’histoire de l’Afrique du Sud par leur constante lutte opiniâtre contre l’injustice et leur engagement auprès des pauvres et des opprimés.
La mère de l’ancien président Thabo Mbeki vient de s’éteindre à 98 ans. Née en en 1918, dans un village de la province du Cap oriental, son père et sa mère, enseignants et fervents chrétiens, faisaient partie de l’élite progressiste noire. Convaincus de l’importance de l’éducation, les parents ont envoyé Epainette et ses frère et sœurs faire des études à Lovedale, puis à Adams collège où elle obtient son diplôme d’enseignante.
En 1937, elle trouve un emploi à Durban et rejoint le Parti communiste, la deuxième femme noire à le faire après Josie Palmer qui avait rejoint le Parti communiste à sa création dans les années 1920.
C’est à Durban qu’elle rencontre Govan Mbeki qu’elle épousera. Le couple revient dans son Transkei natal et ouvre une boutique dans la bourgade de Mbewuleni. Les affaires ne marchent pas fort, ni le ménage, Govan la laisse pour continuer ses activités politique au sein de l’Anc et du Pcsa. Elle se retrouve seule avec quatre enfants à élever.
En 1964, Govan est arrêté à Rivonia et condamné au bagne de Robben Island. Faute d’argent, elle ne lui rendra visite que deux fois en 23 ans. Militante, elle sera continuellement harcelée par la police. Ses trois fils, Thabo, Moeletsi et Jama rejoignent la lutte et partent en exil ; seule sa fille Linda, elle aussi militante, restera auprès d’elle.
Jama est mort au Lesotho, son petit-fils, Kwanda, le fils de Thabo, qu’elle avait élevé ; disparaît en 1981. Epainette, comme tant de femmes sud-africaines fait face à l’adversité. Depuis 1975 , elle s’était installé dans le village de Ngcingwane, toujours dans sa région natale et se consacrait à aider les femmes à monter des petites entreprises d’artisanat ou de cultures maraichères.
Quand son fils Thabo est devenu Président d’Afrique du Sud, elle a refusé tous les honneurs et a préféré continuer à vivre avec « sa famille », les habitants de son village. Mais quand son fils,Thabo Mbeki a été mis sur la touche par son rival Jacob Zuma, elle a réagi en mère, plus qu’en camarade, elle a pris publiquement sa défense.
Toujours indépendante d’esprit, elle a quitté l’Anc pour rejoindre le Cope, un parti dissident de l’Anc et pour les dernières élections, elle a déclaré que si elle avait eu la force physique d’aller voter, elle aurait voter pour le parti de Julius Malema, le parti des Combattants de la liberté économique.
Epainette Mbeki, une lionne d’Afrique du Sud, une brave parmi les braves.
L’Afrique du Sud toute entière lui rend hommage. MaMbeki reposera dans son village parmi les siens.
Marc Gevisser dresse un portrait émouvant d’Epainette dans le quotidien Mail&Guardian. Il est l’auteur de A Dream differed, une biographie de Thabo Mbeki
Publié le lundi 9 juin 2014
© RENAPAS
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