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Afrique du Sud : vingt après les premières élections libres

Il y a vingt ans les premières élections libres donnaient enfin à chaque Sud-africain le droit de vote, premier pas pour construire une nation qui se veut unie, démocratique, non-raciale et non-sexiste. A la veille de nouvelles élections, chacun essaie de faire le bilan et tous d’affirmer qu’il y a encore de nombreux défis à relever.

Pour le gouvernement et le Président Zuma, qui brigue un deuxième mandat, l’Afrique du Sud est un pays où l’on vit mieux. Ce qui est incontestable en terme de liberté : droit de vote, droit de circuler librement, droit d’expression, de rassemblement, droits qui fondent une démocratie. Le pays qui était au bord de la guerre civile vit dans la paix.

Le bilan est moins évident en termes de droits sociaux, pourtant inscrits dans la constitution. Mais avec l’héritage de 350 ans de régime colonial et presque 50 ans d’apartheid, ce qui a été accompli en vingt ans est remarquable : plus de 3 millions de logements, plus de foyers ayant l’eau et l’électricité, des aides sociales qui permettent à des millions de pauvres, femmes et enfants à ne pas tomber dans la pauvreté absolue, plus d’enfants ayant accès à l’école, plus d’étudiants noirs dans les universités, etc. Les pires détracteurs du gouvernement reconnaissent ces avancées considérables.

Et pourtant, pour la première fois des militants de l’Anc, des syndicats, des hommes et des femmes qui ont lutté pour la liberté au péril de leur vie disent ouvertement qu’ils ne voteront pas pour l’Anc le 7 mai prochain.

Les problèmes qui minent la société sud-africaine, et qui étaient déjà là avant 1994, se sont aggravés : la pauvreté, le chômage et les inégalités. La moitié de la population est pauvre et cette moitié est majoritairement noire. Le chômage, officiellement 25% de la population active, 40% est plus proche de la réalité, touche d’abord les jeunes et les femmes noires ; les inégalités sont criantes : le revenu d’une famille noire est inférieur d’un tiers au revenu moyen estimé à 126 000 rands par an (environ 10 000 euros) et le salaire d’un mineur fait vivre en moyenne 8 personnes, alors que les salaires des PDG des grandes entreprises atteignent des sommets.

Mais ce qui exaspère les anciens militants par-dessus tout ce sont les scandales financiers et la corruption a tous les niveaux de l’administration. Le scandale de la résidence privé de Jacob Zuma à Nklanda n’est que la partie visible de l’iceberg. Ce sont des millions de rands qui sont détournés pour le plus petit appel d’offres, l’incompétence qui aboutit à des scandales comme celui des manuels scolaires ou du lait en poudre, ou plus grave parce qu’il touche au plus haut sommet de l’état, le scandale de l’achat d’armes pour la rénovation de l’armée qui date de la fin des années 1990 et qui n’a toujours pas été éclairci. Les mises en garde contre « les chats gras » n’ont pas été suivis d’effet.

Ceux qui appellent à ne pas voter Anc, mais « à réfléchir avant de voter » ne jettent pas le bébé avec l’eau du bain : « Le fait même de pouvoir célébrer 20 ans de démocratie est une sacrée prouesse et une des raisons dont nous pouvons, nous tous Sud-Africains, être fiers » a déclaré Desmond Tutu.

Le plus important restera à faire après les élections car comme l’a dit Zackie Achmat au cours d’un entretien « la varie démocratie, c’est ce qui se passe entre les élections, la participation quotidienne à la vie politique et économique, aux luttes sociales fondées sur le savoir. Je crois que c’est cela qui doit retenir notre attention pour les dix prochaines années »

Publié le dimanche 27 avril 2014


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