Le secrétaire général du Cosatu qui a retrouvé son poste après une décision de justice est toujours pris dans la tourmente qui agite les relations de l’Anc et de la centrale syndicale. Le Numsa et huit autres syndicats du Cosatu ont annoncé qu’ils ne feraient pas campagne pour l’Anc aux élections du 7 mai 2014, et les dernières déclarations de Z.Vavi ne semblent pas satisfaire ceux qui l’ont soutenu dans ses démêlés avec la direction du Cosatu.
La présence et le discours de Jesse Duarte qui représentait l’Anc au comité exécutif du Cosatu et la tentative d’apaisement de Cyril Ramaphosa n’ont pas plu à tout le monde. S’il est vrai qu’un Cosatu divisé est un Cosatu faible qui pèsera peu pour apporter les votes populaires à l’Anc, un cessez-le feu pendant un mois semble peu crédible pour rapprocher définitivement les factions qui se déchirent depuis des années sur la politique menée par l’Anc.
Historiquement, le Cosatu formé en 1985, a lutté côte à côte avec l’Anc et le mouvement de masse, le Front démocratique uni, pour mettre fin au régime d’apartheid. De fait être membre du Cosatu allait naturellement avec l’adhésion à l’Anc. Les syndicalistes, héros de la lutte anti-apartheid sont innombrables. Cyril Ramaphosa, est l’exemple le plus visible de cette fusion. Secrétaire du syndicat des mineurs, Num, il fut un des acteurs majeurs des négociations entre 1991 et 1994. Il est aujourd’hui vice président de l’Anc après un passage fructueux dans la vie économique, il est l’un des hommes les plus riches du pays. Le soutien du Cosatu à l’Anc ne s’est pas démenti à toutes les élections depuis 1994.
Mais tous les syndicalistes n’approuvent pas la politique néo-libérale menée par l’Anc depuis sa politique du Gear (Croissance, emploi et redistribution) du Président Mbeki au Plan National de développement de Jacob Zuma. Le Cosatu dénonce une politique qui renie les engagements du RDP, le Plan de Développement et de redistribution, en faveur des plus pauvres pour une politique favorable aux intérêts du capital. Au cœur de ce débat, la redistribution des richesses qui se fait toujours en faveur des plus riches et qui accroit le fossé des inégalités.
Au congrès de l’Anc en 2007 à Polokwane, le Cosatu avait été un fervent partisan de Jacob Zuma qui, espérait-il, mettrait en oeuvre une politique de gauche en faveur des plus démunis. (Voir l’entretien de Zwelinzima Vavi au Financial Times en août 2008). Cette confiance a été trahie et le plus virulent à dénoncer la politique économique du gouvernement, la trahison envers la classe ouvrière, la corruption et les scandales a été le secrétaire du Cosatu : Zwelinzima Vavi.
Aussi quand ce dernier a trébuché et failli à la morale en reconnaissant avoir eu une liaison avec une employée du syndicat, la revanche a été sans pitié. Suspendu de son poste, il a fallu une décision de justice pour qu’il soit réintégré, mais son retour au sein du Cosatu n’a rien réglé et divise aujourd’hui ceux qui partageaient ses positions et l’avaient défendu contre vents et marées.
L’intervention de l’Anc pour régler les problèmes internes au Cosatu et la demande de cesser les hostilités au moins pendant la campagne électorale sera-t-elle suffisante pour ramener dans le giron de l’Alliance tripartite, les syndicats qui ne veulent plus donner leurs voix mécaniquement à un parti qu’ils accusent de trahison envers les pauvres et la classe ouvrière ? La victoire de l’Anc, avec ses défauts, va-t-elle peser plus lourd que leurs rancœurs envers ceux qui sont au pouvoir depuis 20 ans ?
Dans cette tourmente la position de Zwelinzima Vavi est des plus délicates. Peut-il maintenant appeler à voter ANC ? Et trahir ceux qui avaient mis leur espoir d’un changement de politique dans ses dénonciations au vitriol du gouvernement ? Les déclarations contradictoires qui se sont succedées dans la presse et les réseaux sociaux ne font qu’accentuer la confusion. La demande d’un débat interne au Cosatu pour savoir quelle position adopter, et appeler ou non à voter Anc le 7 mai prochain, serait salutaire, mais le temps est compté car la campagne électorale a déjà commencé.
Plus d'informations : Cosatu Media monitor
Publié le lundi 14 avril 2014
© RENAPAS
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