La question énergétique est l’une des plus épineuses pour l’Afrique du Sud. Le géant industriel africain a besoin d’énergie pour répondre aux besoins de ses citoyens et pour son développement économique. Le pays riche en charbon l’utilise massivement dans ses centrales, mais les énergies fossiles sont très polluantes. Comment alors produire plus et polluer moins ?
Depuis les coupures de courant spectaculaires de 2008, Eskom ne peut plus répondre à la demande et en période d‘hiver ou de pointe, la compagnie nationale d’électricité est obligée de procéder à des coupures et délestages ciblés et lance régulièrement des appels aux consommateurs pour qu’ils soient vigilants et ne gaspillent pas une énergie électrique devenue précieuse.
L’Afrique du Sud a fait un effort considérable pour apporter l’électricité à des milliers de foyers que le système d’apartheid avait négligé et 4,4 millions de foyers ont été raccordés au réseau électrique, soit 86 % de la totalité des foyers contre 30% en 1994. Mais il faut réhabiliter un réseau vétuste et produire plus pour satisfaire la consommation des ménages.
Les gros consommateurs d’énergie sont bien entendu les industries : minières, de transformation des minerais, pétrochimique, automobile, textile , etc. Au total 32 gros clients d’Eskom consomment 45% de l’énergie produite. Il faut aussi fournir l’énergie aux multiples moyennes et petites industries qui ont surgi ces dernières années, l’électricité est une des conditions de la croissance économique.
Depuis des décennies la production d’électricité a été fondée sur l’abondance des ressources en charbon et une main d’œuvre à bon marché pour l’extraire, ce qui permettait au régime d’apartheid de se vanter de son électricité à bon marché, un des prix mondiaux parmi les plus faibles. Aujourd’hui l’énergie produite provient toujours à 85% du charbon, utilisé dans les centrales thermiques, ce qui place l’Afrique du Sud parmi les plus gros producteurs de gaz à effet de serre.
Il existe bien une Loi sur la qualité de l’air et des amendes lourdes prévues pour les contrevenants, mais Eskom a demandé un délai pour 16 de ses centrales pour répondre aux exigences de la loi et pour la centrale de Medipu, Eskom demande un délai jusqu’en 2027. Pourtant Greenpeace International estime que 2700 morts par an sont causées par des émanations de dioxyde de carbone et de mercure.
Pour financer la rénovation du réseau de distribution, des centrales vieillissantes et en construire de nouvelles, Eskom a eu recours à l’augmentation des tarifs ce qui a pénalisé les ménages les plus pauvres. Pour financer les gigantesques projets des centrales de Medupi et Kusile, la Banque mondiale a consenti un prêt de 35,5 milliards de dollars, prêt très controversé car une centrale à charbon à toutes les chances d’augmenter encore la pollution. La construction a, de plus, connu bien des mésaventures : de malfaçons en grèves à répétition du personnel de construction, Medupi ne fonctionne toujours pas. (Voir nos articles précédents).
L’Afrique du Sud réfléchit pour trouver d’autres options de production d’énergie.
L’option nucléaire est à l’étude et aiguise l’appétit des géants de l’énergie nucléaire : Areva pour la France, Westinghouse pour les Etats-Unis, Rosatom pour la Russie sont sur les rangs. Rosatom a non seulement ouvert un bureau en Afrique du Sud, mais exploite aussi des mines d’uranium en Namibie et Tanzanie. Le coût exorbitant de ces centrales, recule pour le moment des choix et décisions, bien que le Président Zuma ait redit dans son discours de février dernier, la volonté de son gouvernement de construire plusieurs centrales nucléaires.
Le pays est aussi riche en gaz de schiste, mais son exploitation serait à haut risque pour un pays où l’eau est rare. Les prévisions les plus pessimistes annoncent une pénurie d’eau dès 2025. Les gisements se trouvent dans la région du Karoo, une zone subdésertique qui abrite une flore et une faune uniques au monde et où l’agriculture, élevage de moutons et d’autruches, a su s’adapter à l’environnement en le préservant. L’exploitation des gaz de schistes par fracturation hydraulique est pour le moment l’objet d’un moratoire, mais le besoin d’indépendance énergétique peut être plus fort que toutes les menaces sur l’environnement. (Voir nos articles précédents)
La découverte de très importants gisements de gaz naturel au Mozambique et au large des côtes sud-africaines pourrait aider à répondre aux besoins énergétiques de la région et l’exploitation des ressources renouvelables, éolienne et solaire, n’en est encore qu’à ses débuts.
Le gouvernement est bien conscient qu’un changement radical est nécessaire. Rob Davies, le Ministre du commerce et de l’industrie en présentant la dernière mouture du Plan d’Action de politique industrielle (Ipap) a mis l’accent sur le besoin de se tourner vers l’industrie verte et les énergies renouvelables, créatrice d’emplois pour relever les défis de la pauvreté et du chômage.
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Publié le jeudi 10 avril 2014
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