L’idée d’un nouveau parti anticapitaliste fait son chemin et pourrait devenir une réalité dans les mois à venir après la fracassante déclaration du syndicat des métallurgistes de ne pas faire campagne et de ne pas appeler à voter pour l’Anc aux prochaines élections.
Le Numsa dans une conférence de presse a fait état de sa volonté de travailler avec d’autres forces pour créer un nouveau parti radicalement anticapitaliste, mais en précisant quelques heures après que ce parti ne verrait le jour qu’après les élections du 7 mai prochain et en « temps voulu ». Ce nouveau parti qui aura pour nom le Front uni et le Mouvement pour le socialisme doit unir les travailleurs et les mobiliser pour faire avancer les questions qui préoccupent la classe ouvrière.
Pour le secrétaire du Numsa, Jim Irvin, l’Anc a adopté une politique néolibéral depuis 1994, trahissant ainsi les inspirations populaires inscrites dans la Charte de la liberté de 1955. Pour lui, les capitalistes blancs et noirs cèdent aux intérêts du capitalisme et sont incapables de résoudre les questions de la pauvreté et des inégalités héritées du colonialisme d’un type spécial qui caractérisent la société sud-africaine : « Nous avons besoin d’un mouvement pour le socialisme ».
Le Numsa entend élargir le mouvement et rallier de larges couches de la population en organisant des réunions pour voir comment travailler ensemble et établir une plate forme revendicative qui servira de base à la structuration d’un parti politique capable de se présenter aux élections. De fait cette volonté ne fait que reprendre une proposition du Cosatu qui date de 1993, mais qui a été abandonnée dans l’euphorie de la victoire électorale de 1994.
Cet abandon a pour résultat aujourd’hui que sur 26 millions de pauvres que compte le pays, 25 millions sont des Africains, la preuve que la politique menée depuis 20 ans a été incapable d’effacer ou de corriger les effets du capitalisme du système d’apartheid. Pour le Numsa, seul une sortie du capitalisme pourra résoudre les problèmes de la pauvreté, du chômage et des inégalités qui perdurent en Afrique du Sud.
Le Numsa n’est pas isolé dans sa radicalité : une vague de colère monte dans le pays dont Jay Naïdoo, un ancien dirigeant du Cosatu se fait l’écho dans un article publié par le Daily Mawerick. Pour lui, le ras-le-bol des pauvres et des jeunes a un atteint un tel niveau qu’il faut une reprise en main ferme de la part des dirigeants politiques avant que le populisme ne fasse des dégâts. « La réalité est que ce sont les travailleurs, les jeunes, les pauvres de nos townships et de nos villages qui ont gagné la liberté et la démocratie dont nous profitons. Exclus et marginalisés ce sont eux qui dirigent la vague de mécontentement dans notre société. Il est grand temps que nos dirigeants s’en préoccupent » écrit-il.
Awethu, une nouvelle organisation regroupant plus de 70 associations de la société civile a l’intention d’appeler au boycott des élections ou à voter blanc. Awethu prévoit une action de masse le 27 avril prochain pour présenter les « exigences du peuple ». Selon Mark Heywood de Section 27, qui fait parti du comité directeur, il ne s’agit pas de renverser le gouvernement, mais de faire entendre les besoins populaires et de s’assurer qu’ils seront pris en compte par la classe politique. L’organisation veut la justice sociale et affirme que la tragédie de Marikana a marqué une rupture dans la politique sud-africaine.
La grogne et l’impatience des plus pauvres qui sont laissés sur le chemin gagnent du terrain et ceux qui sauront entendre ses doléances et les transformer en un parti politique structuré et cohérent pourraient bien être l’opposition de demain au gouvernement de l’ANC.
Plus d'informations : Cosatu Media monitor
Publié le mardi 4 mars 2014
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