Deux femmes viennent de bouleverser le paysage électoral sud–africain : Helen Zille, dirigeante de l’Alliance démocratique vient d’annoncer la candidature en tête de liste pour les prochaines élections de Mamphela Ramphele, fondatrice du nouveau parti Agang. L’une est blanche, l’autre est noire, ensemble elles représentent la plus sérieuse opposition à l’Anc, mais nul ne sait si ce mariage sera approuvé par les électeurs.
La nouvelle était attendue et elle a fait la une de tous les journaux sud-africains. De la photo du baiser entre les deux « épouses » , aux titres enthousiastes saluant une nouvelle ère politique pour le pays , aux déclarations cinglantes du Cosatu et de l’Anc dénonçant cette alliance, le lecteur et l’adepte des réseaux sociaux ont de quoi alimenter leur propre réflexion.
Mamphela Ramphele candidate de l’Alliance démocratique va –t- elle vraiment apporter le changement annoncé ?
Pour Helen Zille et son parti c’est la candidature idéale qui peut drainer les voix de la nouvelle bourgeoisie noire et rassembler les voix des blancs libéraux. Dans Business Day, Helen Zille avoue sans ambiguïté qu’elle, femme blanche, ne peut pas parler de race, mais que « Dr Ramphele peut se lever et dire que la race n’a pas d’importance, que ce qui importe c’est de parler d’éducation, de santé, de la terre… alors les gens ne vont pas focaliser sur sa race comme ils le font avec moi ». Autrement dit, cette candidature est une chance pour l’Alliance démocratique qui est toujours considéré comme un parti pour les Blancs, même si des Métis et des Noirs sont venus grossir ses rangs.
Dr Ramphele a un passé de militante de la Conscience noire derrière elle dont elle peut être fière ; c’est une universitaire appréciée et c’est aussi une femme d’affaires qui a réussi et qui ne rechigne pas à aider financièrement des projets pour améliorer la qualité de vie de ses compatriotes de la province du Cap oriental, une province pauvre, rurale, qui a vu naître Nelson Mandela. Le père de la nation est toujours évoqué dans les discours des deux femmes qui affirment que d’une certaine manière la mort du héros les a rassemblées : « il y a eu beaucoup de changement en Afrique du Sud ces derniers temps : Madiba a disparu. Il y a un grand désir de rassembler les gens et de revivifier la vision qu’avait Madiba. C’est ce que nous cherchons à faire » affirme Helen Zille.
Mamphela Ramphele candidate de l’Alliance démocratique a –t-elle trahi son propre parti ?
Agang est un tout nouveau parti, crée en février 2013, qui avait apporté de l’espoir à ceux qui sincèrement voulaient un vrai changement et en avaient assez de la corruption et des promesses trahies de l’Anc. Le mot « réforme » était le mot magique de toutes les réunions du parti, comme « nous peuple d’Afrique du Sud », mais cela n’a guère convaincu car Agang n’a jamais réussi à faire une percée sur le plan politique et son espoir de marquer des points aux élections restait très mince.
L’annonce de la candidature de sa fondatrice en tête de liste pour l’Alliance démocratique est vue comme une trahison par de nombreux adhérents qui ont laissé éclater leur colère sur les réseaux sociaux « j’allais voter pour elle, mais si elle rejoint l’Alliance démocratique, alors nom de Dieu , je change d’avis , désolé mais je ne fais pas confiance aux Blancs » peut-on lire. Le sentiment de trahison est fort et de toute façon le rapport des forces entre Agang et l’Alliance démocratique scelle la mort du petit nouveau. Agang ne survivra pas à la défection de sa fondatrice.
Mamphela Ramphele candidate de l’Alliance démocratique peut-elle mettre en danger l’Anc ?
Les réactions de l’Anc et de son allié le Cosatu ont été cinglantes. Patrick Craven , le porte-parole du Cosatu écrit : « elle a trouvé sa vraie famille politique dans la famille du grand patronat, exactement ce qu’on pouvait attendre de quelqu’un qui a été à la direction de la Banque mondiale de 2000 à 2004 et qui est Présidente de Gold Fields depuis 2010 …Quand Helen Zille dit qu’il n’y a pas de meilleur candidat pour les élections, il n’y a pas beaucoup d’électeurs de l’Anc qui vont se laisser tromper par cette candidature ». Le Num qualifie cette migrante politique de « Noire de location pour l’Alliance démocratique » et Gwede Mantashe pour l’Anc précise deux choses à propos de ce ralliement :« premièrement, on nous annonce la mort d’un parti mort né. Ce mort-né s’appellait Agang. Et deuxièmement, cette candidature, c’est rent-a-black , rent-a-leader. Cela ne nous concerne pas ».
Les commentaires vont bon train pour savoir si ce « mariage inconvenant » pour reprendre le titre d’un article du Daily Maverick, va vraiment séduire les électeurs et apporter la solution pour que la vie soit enfin meilleure pour tous les Sud-Africains.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le mercredi 29 janvier 2014
© RENAPAS
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