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Grandes manœuvres pour les élections générales du printemps 2014

La campagne électorale n’est pas ouverte, mais c’est déjà les grandes manœuvres de séduction des électeurs par les partis bien établis, au pouvoir ou dans l’opposition, comme par les nouveaux venus dans le paysage électoral. Avant de convaincre les électeurs par un programme, il faut d’abord les convaincre de s’inscrire sur les listes électorales, une tâche essentielle auprès des jeunes.

La Commission électorale indépendante a titré la sonnette d’alarme en annonçant qu’à peine la moitié des personnes âgées de moins de 30 ans étaient inscrites et que seulement 8,7% des électeurs potentiels de 18 à 19 ans étaient inscrits, alors que les électeurs plus vieux le sont à 90%. Au 31 octobre, 23138142 personnes étaient inscrites soit 73,6% du corps électoral. L’objectif est d’arriver au moins à 80% et pour l’atteindre 22 263 bureaux de vote seront ouverts samedi 9 novembre et dimanche 10 novembre de 8 heures à 17heures pour que chacun puisse s’inscrire, vérifier qu’il est bien inscrit et apporter s’il y a lieu des modifications.

Du côté du parti au pouvoir, tous les militants sont sur le pont et le Président Zuma a pris la parole devant les habitants d’une township à Atteridgeville, exhortant les jeunes à s’inscrire pour pouvoir voter et assurer la victoire de l’ANC. Le Président a assuré que son parti voulait gagner et remporter 75% des voix. Il a dénoncé le qualificatif de « born free » pour les jeunes nés après 1994 qui voteront pour la première fois en 2014, comme péjoratif et outil de propagande pour faire croire que les jeunes ignorent tout du passé de leur pays.

Mais pour qui ces jeunes et les autres électeurs vont-ils voter ? La majorité votera pour l’Anc, le parti, qui en dépit de ce que l’on peut lui reprocher, reste le parti qui a mis fin au régime d’apartheid et entrepris la transformation de la société sud-africaine. Bien des critiques sont à faire sur la conduite des affaires du pays, la corruption, la criminalité, la pauvreté persistante pour trop de Sud-africains, mais quel parti est en mesure de faire mieux et surtout de convaincre les électeurs qu’il fera mieux ?

Le parti d’opposition le plus structuré et le plus cohérent reste l’Alliance démocratique qui dirige la riche province du Cap occidental. Mais ce parti, en dépit des efforts pour attirer les électeurs noirs, reste un parti blanc et métis. La fracture raciale est toujours vive dans cette province et le secrétaire de l’Anc qui avait fait le déplacement pour la campagne d’inscription sur les listes électorales n’a pas hésité à dire que cette province n’était toujours pas libre depuis 1994. L’Alliance démocratique a cependant marqué des points aux dernières élections et compte bien continuer sur cette trajectoire.

Deux partis nouveaux vont essayer d’attirer les mécontents et les déçus de l’Anc. Julius Malema, exclu de l’Anc, a fondé son parti : les Combattants de la liberté économique, (EFF) qui a réussi à attirer une personnalité de l’Anc, Dali Mpofu. Ce dernier, avocat de profession, a pris la défense des victimes et familles de victimes du massacre de Marikana. Mais les analystes ne pensent pas que cette défection affectera beaucoup l’Anc, car il ne détenait aucun mandat électif. Quant à Julius Malema lui-même, sa défense tonitruante des pauvres est mise à mal par ses dépenses somptuaires qui ont attiré l’attention de la justice. Son programme de nationalisations tous azimuts relève plus de la rhétorique électorale que de la prise en compte de la réalité économique du pays.

Agang, est le nouveau parti lancé en juin 2013 par Mamphela Ramphele, militante de la Conscience noire, universitaire devenue femmes d’affaires. L’objectif de ce tout nouveau parti est de redonner espoir aux déçus de la politique menée par l’Anc et de renouer avec le grand rêve d’un monde meilleur pour tous. Bien accueilli à sa création, Agang peine aujourd’hui à faire entendre sa voix et sa créatrice a bien du mal à convaincre que la politique du BEE est mauvaise alors qu’elle-même en a largement profité. De plus, le programme de ce nouveau parti est loin d’être clair et comme le souligne un analyste, on a du mal à voir ce que ce parti veut, à part dénigrer tout ce qui a été fait par l’Anc. « Jusqu’à présent, on ne sait pas trop ce que veut Agang ».

Les autres partis d’opposition brigueront aussi les suffrages des électeurs, mais les querelle de factions au sein du Cope, comme au sein du Pac ne sont pas les meilleurs atouts pour attirer de nouveaux électeurs. Le danger pour l’Anc ne semble pas venir des autres partis politiques, bien plus de son partenaire au sein de la triple alliance, la centrale syndicale Cosatu qui est traversée par de profonds désaccords sur la politique économique adoptée par le parti au pouvoir.

Publié le dimanche 10 novembre 2013


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