Un sommet s’est récemment tenu pour faire le point sur les résultats de la politique du Black Economic Empowerment , devenu un peu plus tard, Broad Based Economic Empowerment qui a pour ambition de donner à la population « historiquement désavantagée » accès au pouvoir économique et à la transformation de la société sud-africaine. Force est de constater que cette politique n’a pas été à la hauteur de ses ambitions et à la suite du sommet des pistes nouvelles ont été suggérées, comme celle de Date Mc Killey, exposée dans un article publié par Sacsis.
L’histoire du développement économique de l’Afrique du Sud repose sur la saisie des richesses du pays par une minorité blanche et son exploitation par une main d’oeuvre noire, taillable et corvéable à merci. Toute la législation coloniale, puis celle de l’apartheid ont été faites pour priver la population noire d’avoir des titres de propriétés et l’empêcher d’accéder au savoir, aux compétences et qualifications qui lui auraient permis d’accumuler un capital et de former une petite bourgeoisie.
Le BEE a certes permis la création d’une nouvelle petite bourgeoisie noire, les « black diamonds » dont les « success stories » fait les beaux jours de la presse « people ». Ce qui n’est pas dit dans ces belles histoires, c’est que ces nouveaux riches sont lourdement endettés et que leur ascension sociale est due à leurs compétences certes, mais aussi à leurs relations. Et c’est là un des plus graves échec du BEE. Il n’a profité qu’à une élite ayant des relations soit dans le monde économique, soit le monde politique.
La grande masse de ceux qui n’avaient rien en 1994, sont toujours ceux qui n’ont rien 20 ans plus tard. Les habitants des townships, des zones rurales sont les grands oubliés du BBBEE et si des nouveaux riches noirs peuvent vivre dans les riches banlieues blanches, envoyer leurs enfants dans des écoles privées et se soigner dans des cliniques privées, la grande masse des Sud-africains noirs ne participent pas à ce nouveau festin. La table est mise, depuis longtemps, pour les nantis blancs qui acceptent les nouveaux riches noirs, les autres ramassent les miettes s’il y en a.
Pour celui qui n’a rien , il est pratiquement impossible d’obtenir le capital de base pour démarrer même une très petite entreprise, le rêve de nombreuses femmes noires qui n’ont aucune diplôme à faire valoir, sauf leur énergie, leur force de travail et leur débrouillardise. Le terme même de « broad based » visait pourtant cette population « historiquement désavantagée ».
Tel qu’il est mis en pratique jusqu’à présent le BBBEE n’a pas réussi à transformer la répartition des richesses, à combler le gouffre qui sépare les nantis, blancs et noirs, de ceux qui n’ont rien, à développer l’économie sur des bases nouvelles et faire du système capitaliste sud-africain un capitalisme qui favorise la production pour répondre aux besoins de la majorité de la population.
Date Mc Killey suggère que le gouvernement, qui dispose du capital populaire devrait favorisait l’usage de ce capital, non pas à des fins de profit pour quelques individus, mais favoriser des activités productives à but social. Le BBBEE, s’il doit être un outil pour la transformation sociale du pays, doit être complètement revu pour que la majorité de la population puisse modifier à son avantage la création du capital, sa circulation et sa distribution.
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Publié le samedi 12 octobre 2013
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