L’Afrique du Sud vient d’augmenter les taxes pour les poulets d’importation afin de préserver la production locale et d’assurer l’apport en protéine animal de la population la moins fortunée. Pour le Ministre du commerce et de l’industrie, cette mesure conforme aux règles de l’Omc est une forme de « soutien au secteur productif de l’agroalimentaire local ».
La grande distribution sud-africaine, Pick’n Pay et Woolworth, ont rassuré les consommateurs dès l’annonce de l’augmentation des taxes pour les poulets d’importation, car 90% de leurs poulets sont d’origine locale. Le poulet est largement consommé par les Sud-africains, le poulet est la viande par excellence, le bœuf étant hors de portée de leur porte-monnaie. Le directeur de Pick’n Pay a même affirmé que le poulet n’était plus rentable pour le magasin, mais que conscient de sa popularité, la vente à perte continuera pour satisfaire la clientèle.
La guerre du poulet a commencé en 2006 avec des importations massives du Brésil et de l’Union européenne. Ces importations à bas prix ont porté des coups terribles à une industrie autrefois prospère. Rainbow Chicken, le plus gros producteur de poulets sud-africains accuse une perte de 3,7 millions de rands pour les six premiers mois de l’année. La perte d’emplois, directs ou indirects, est estimée à plus de 100 000 pour l’ensemble de la filière.
L’imposition de la nouvelle taxe n’est pas uniforme, mais varie selon l’origine et la qualité de la volaille importée. Si les volailles en provenance du Brésil vont être lourdement taxée, celle venues de l’UE sauvent leurs plumes en raison de l’accord commercial entre l’Afrique du Sud et l’Union européenne. Les volailles en portions venues des Pays-Bas, 14% du marché, vont échapper à la nouvelle taxe, alors même que les volaillers néerlandais largement subventionnés par leur gouvernement peuvent se permettre de casser les prix. Les volailles entières venues de l’UE, essentiellement consommées par les classes moyennes, échapperont ainsi à la surtaxe. Pour éviter les fraudes et les fausses étiquettes qui désigneraient comme venant de l’UE des volailles venues d’ailleurs, le Ministre a promis un renforcement des contrôles de ces importations illégales.
Les volailles entières seront les plus taxées (+87%), elles sont majoritairement consommées par les classes moyennes, les carcasses et les abats le seront beaucoup moins (27 et 17%) car ce sont ces morceaux qu’achètent les foyers les plus pauvres. La législation concernant le saumurage sera aussi revue pour éviter que le consommateur paie trop cher un morceau de poulet qui contient plus d’eau que de viande.
Cette décision du gouvernement sud- africain pour protéger sa production locale, met en évidence l’absurdité des règles du commerce mondial qui font effectuer des milliers de kilomètres à de pauvres volatiles qui ne demandent qu’à picorer, grandir et être mangés sur leur sol natal. Reste à voir, si ces mesures de bon sens suffiront à sauver les poulets sud-africains et ceux qui les élèvent.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le vendredi 4 octobre 2013
© RENAPAS
© RENAPAS
Pour nous contacter
Conception du site : AB
Site réalisé sous SPIP