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Marikana, un an après la blessure est toujours à vif

Les commémorations du massacre de Marikana ont eu lieu sans incidents et sans représentants du gouvernement, de l’Anc ou du Cosatu ; le Président Jacob Zuma a fait une déclaration deux jours avant la cérémonie appelant à l’apaisement. Mais le climat reste tendu dans cette période de négociations salariales alors que la commission Farlam chargée de faire la lumière piétine faute de moyens et que les divisions syndicales et politiques s’affichent ouvertement.

Le massacre de Marikana qui a coûté la vie à 34 personnes le 16 août 2012 marquera un tournant dans monde de la mine : il y a un avant et un après Marikana. La violence qui s’est déchaînée dans les mines de platines de la région de Rustenberg a terni l’image de la police, du Num, le syndicat des mineurs affilié au Cosatu et du gouvernement dans son ensemble.

Le Num, encore syndicat majoritaire en 2012, n’a pas réussi à négocier correctement les demandes d’augmentations de salaires exigées par la grande majorité des mineurs qu’il était censé représenter. Cette faillite a été interprétée comme une collusion entre le syndicat et le patronat et a favorisé la montée en puissance du nouveau syndicat Amcu , qui est apparu comme plus à l’écoute des revendications de la base et plus radical dans ses exigences envers le patronat.

Lonmin, la compagnie minière n’a pas compris le désespoir des mineurs qui travaillent 10 heures par jour et n’arrivent pas à nourrir convenablement leurs familles. Lonmin a cru pouvoir se décharger de son rôle pour améliorer les conditions de vie des travailleurs migrants en payant une allocation logement qui a favorisé la création de bidonvilles où s’entassent les familles dans des conditions épouvantables. La vie autour de la mine s’est organisée d’une façon anarchique favorisant, la petite et la grande délinquance. En argumentant bénéfices et productivité, la direction a durci sa position d’une façon bornée en fermant les yeux sur un climat de violence qui avait commencé avant la déflagration du 16 août.

La police n’a pas su gérer correctement la situation et elle apparait comme la grande responsable des 34 morts du 16 août, ternissant l’image d’un gouvernement qui n’a pas su intervenir à temps pour mettre fin à une crise qui durait depuis des mois. Aujourd’hui rien n’est vraiment réglé, même si Lonmin a reconnu comme syndicat majoritaire Amcu qui représente 70% des mineurs syndiqués, les effectifs du Num ayant fondu et ne représente plus que 20% des syndiqués.

La Commission Farlam qui doit faire la vérité sur les circonstances du drame et établir les responsabilités devait remettre son rapport au mois mai dernier, mais son existence est prolongée au moins jusqu’en octobre prochain et sa crédibilité diminue prolongation après prolongation.

La Commission qui a été délocalisée à Pretoria a déjà tenu 114 séances et a rempli 12000 pages de transcription de témoignages et confrontations, mais elle se heurte à de graves problèmes de fonctionnement. Le plus grave est le manque de moyens financiers pour payer les honoraires des avocats des familles des victimes. L’état a jusqu’à présent refusé de prendre les frais judiciaires à ses frais ou d’allouer une aide judiciaire à ces familles pauvres et souvent illettrées. La police a les moyens de se payer de bons avocats et cette situation est vue comme une grande injustice.

Le grand nombre de témoins qui doivent être entendus et interrogés prend du temps parce que ces témoins sont des gens pauvres, illettrés et qui ne parlent que leur langue maternelle africaine. Le juge Farlam a insisté pour que tout ce qui se dit devant le tribunal soit compris par tous, en particulier les familles de victimes. Il faut donc traduire les témoignages, les interventions du juge et des avocats et cela prend du temps.

La commission reprendra ses travaux après la date anniversaire du massacre, mais nul ne sait quand elle pourra rendre son rapport. Pour les familles de victimes, pour les mineurs et tous les blessés ce rapport serait un premier pas vers un apaisement dans un secteur économique qui aurait tout à gagner à tourner la page de l’exploitation et du profit.

Publié le samedi 17 août 2013


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