Mais qui donc était Marc Rich ? Disparu en juin 2013, la presse française a peu fait cas de sa mort, au contraire de la presse anglo-saxonne. Pourtant ce richissime homme d’affaires, champion de la fraude fiscale et grand pourvoyeur de pots de vin mérite qu’on s’attarde un peu sur son passé florissant, mais peu recommandable.
Marc Rich n’est pas un inconnu pour les anciens militants anti-apartheid : il était la bête noire du Shipping Research Bureau basé à Oslo qui avait pour mission de suivre la route des tankers suspectés de livrer du pétrole au régime d’apartheid.
Marc Rich n’a pas été surnommé « le Roi du pétrole » pour rien, car lui-même reconnaissait que vendre du pétrole au régime d’apartheid alors sous embargo pétrolier avait été « une affaire particulièrement rentable » de l’ordre de 2 milliards de dollars de bénéfice.
Marc Rich avait un don particulier pour les affaires. Il a réussi à vendre du pétrole russe au régime d’apartheid en pleine guerre froide et du pétrole iranien à Israël. Comme l’explique un de ses biographes, citant une source anonyme, “Nous avons vendu du pétrole iranien et russe à l’Afrique du Sud pour, en retour, vendre de l’uranium namibien à l’Union soviétique”. La Namibie était à l’époque sous le contrôle de l’Afrique du Sud. Bien sûr, il était comme tout le monde contre l’apartheid, il faisait seulement des affaires avec l’Afrique du Sud.
Fils d’immigrants juifs arrivés aux Etats-unis après la seconde guerre mondiale, le jeune Marcell qui avait changé son prénom pour celui de Marc, a commencé sa carrière de trader chez Philip Brothers. Il s’occupait de l’achat et de la vente de produits divers, en particulier le sucre. En 1974 , avec un collègue de Philip Brothers, il crée sa propre maison d’import export Marc Rich &Co et les deux compères l’installent à Zug en Suisse.
C’est à partir de ce moment que ses affaires ont vraiment prospéré et qu’il va avec une rare intelligence jouer double jeu en réussissant à violer tous les embargos et contraintes pesant sur le commerce international sans jamais se faire prendre.
Mais en 1984, le vent tourne et Marc Rich est soupçonné d’avoir triché sur la provenance du pétrole qu’il revend au prix fort. Le fisc américain l’accuse de fraude fiscale et malversations. Mais Marc Rich n’est plus aux Etats-unis et se garde bien de se présenter devant les tribunaux américains qui le condamnent à une amende de 50 000 dollars pour injure à la cour.
En 1993, à la suite de mauvaises affaires dans le commerce du zinc , il cède Marc Rich & Co qui devient Glencore Xstrata and Trafigura, une multinationale qui opère dans 125 pays et contrôle le commerce du cuivre en Zambie, du charbon en Afrique du Sud et bien d’autres minerais.
Marc Rich n’est jamais retourné aux Etats-unis, bien que Bill Clinton en fin de mandat, lui ait accordé l’amnistie. Son ex femme, Denise Rich, fervente démocrate, était une donatrice bien connue du parti démocrate. A la fin de sa vie, Marc Rich était devenu un généreux philantrope.
Pour en savoir plus , on lira The King of Oil : The Secret Lives of Marc Rich, par David Amman
Publié le dimanche 28 juillet 2013
© RENAPAS
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