La Commission Farlam, du nom du juge chargé de mener l’enquête sur le massacre de Marikana, n’a pas les moyens financiers à la hauteur de sa tâche et la vérité sur le déroulement exact des événements qui ont entraîné la mort de 44 personnes risque d’avoir du mal à voir le jour.
Mettre sur pied une commission d’enquête chargé de faire la lumière sur les circonstances d’un drame qui a coûté la vie à 44 personnes, dont 34 mineurs tués par la police le 16 août 2013 et des centaines de blessés, coûte cher.
Le gouvernement a dépensé près de 7 millions de rands pour la représentation légale de la police, mais refuse pour le moment une assistance financière pour payer les avocats des familles des mineurs tués, ce qui est une approche très inégale du problème qui risque de nuire à l’objectivité et la crédibilité de la commission dont le mandat est d’établir les faits pour faire la vérité sur les circonstance du drame et établir objectivement la responsabilité des uns et des autres.
Déjà pour des raisons d’économie, la Commission s’est déplacée de Rustenberg à Pretoria, mais l’avocat Dali Mpofu qui représente les 276 mineurs arrêtés après le massacre s’est retiré, suivi du Centre de Ressources légales (Lrc) qui représente les blessés et les familles des victimes et l’Institut pour les droits socio-économique (Seri)qui représente aussi les familles de victimes et le syndicat Amcu a fait de même.
Tous demandent une assistance judiciaire pour leurs clients qui n’ont pas les moyens de payer les frais d’un avocat. Pour le moment le gouvernement n’a pas l’intention de fournir cette aide financière car il paie déjà pour les frais d’avocats pour le Seri. On voit mal comment la commission pourrait poursuivre ses travaux d’investigation sans la participation des représentants de toutes les parties.
Il reste pourtant une trentaine de témoins à entendre et la Commission a de forte chance de se voir accorder un délai jusqu’au mois de décembre. Mais prolonger la durée de la Commission n’est pas la garantie d’un traitement égal pour toutes les parties et déjà plusieurs témoins on été soit assassinés, soit se sont suicidés. La Commission d’enquête, qui n’a pas pour mission de juger, est un moyen pour donner la parole aux sans voix, les familles de mineurs morts à Marikana, mais elle pourrait comme d’autres avant elle, perdre de sa pertinence, si elle est devient un processus qui va de prolongation en prolongation.
Le Conseil pour l’avancement de la constitution sud-africaine, Casac, a demandé au gouvernement de protéger l’intégrité de la Commission en laissant le temps aux avocats de trouver les fonds nécessaires pour poursuivre leur travail. L’avocat Mpofu a demandé une suspension de trois semaines des audiences au juge Farlam, le temps de déposer un recours devant la Cour constitutionnelle pour obtenir une assistance financière.
Un expert en droit constitutionnel pense que cette requête à des chances d’aboutir car la Constitution reconnait que l’Etat doit respecter, protéger, promouvoir et permettre l’accès de tous devant les tribunaux.
De son côté la Commission des droits de la personne, Sahrc, a demandé au gouvernement de trouver une solution rapide pour trouver des fonds pour payer les représentants des familles de victimes. « Exclure ceux qui ont le plus souffert de la tragédie de Marikana pour des questions d’argent, serait entraver la capacité de la commission à jouer son rôle de référent » a déclaré son porte parole.
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Publié le mercredi 24 juillet 2013
© RENAPAS
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