Le mois de juillet est le mois des négociations salariales, un mois turbulent où les syndicats vont souvent appel à la grève pour soutenir leurs demandes. Cette année, où l’ombre du drame de Marikina, est loin de s’estomper, les demandes des hausses de salaire des mineurs peuvent paraître exorbitantes, mais elles s’inscrivent dans un contexte d’inégalités des revenus qui les justifient.
La surenchère entre les syndicats rivaux des mineurs, Num et Amcu, n’est pas qu’une tactique pour gagner des adhérents, mais le reflet des conditions de vie des mineurs qui n’ont pas encore vu de grandes différences avec ce qu’ils vivaient sous l’apartheid et après l’apartheid.Le Num demande une augmentation de 60 % et Amcu de 100% pour les salaires les plus bas.
Aujourd’hui le salaire, avant les primes et bonus, est en moyenne de 5000 rands. Le Num demande entre 8 000 et 10 000 rands, Amcu 12000 rands. Comparé aux salaires des cadres et autres dirigeants des compagnies minières, cela n’a rien de choquant.
Les inégalités de revenus sont telles que les plus pauvres et les plus exploités des travailleurs n’ont plus rien à perdre, ce qui explique en partie la violence qui a déferlé sur le carreau des mines sud-africaines depuis plus d’un an.
L’augmentation du coût de la vie oblige de nombreux mineurs à faire des emprunts pour boucler les fins de mois. Ces emprunts sont faits auprès de prêteurs qui n’hésitent pas à prêter à des taux d’usure de l’ordre de 30 %, si bien qu’un mineur qui touche 5000 rands de salaire n’empochera au mieux que 2000 à 3000 rands en début de mois car le prêteur peut faire une retenue sur salaire pour remboursement de dettes. Trevor Manuel a dénoncé cette pratique au cours d’une conférence avec le monde des affaires « dans la petite communauté de Marikana …il y a 13 de ces officines …et beaucoup de travailleurs ne touchent que 40% de leurs salaires à cause des retenues pour dettes ».
Le patronat voudrait aussi jouer sur la compétitivité en augmentant le nombre annuel des équipes qui pourraient passer de 220 en moyenne actuellement à 300. Dans les mines d’or on ne travaille pas le dimanche et les mines cessent leurs opérations pendant la période des fêtes de fin d’année et à Pâques pour permettre aux travailleurs migrants de rentrer chez eux. Mais un tel changement a peu de chance d’obtenir l’accord des mineurs qui ont besoin de ces jours de congés pour voir leurs familles.
L’optimisme du vice président Motlanthe, chargé de réunir tous les acteurs du secteur minier pour mettre un terme à la violence et trouver un terrain d’entente pour que le secteur minier retrouve sa pleine activité, sera mis à l’épreuve dans les semaines à venir.
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Publié le vendredi 28 juin 2013
© RENAPAS
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