Depuis des mois, les mines sud-africaines sont affectées par des grèves spontanées et illégales, des actes de violence ont fait au moins une cinquantaine de morts depuis le massacre de Marikana en août 2012. Les appels au calme et à la raison des autorités ne semblent guère avoir d’effet.
Un représentant du Num a été abattu et un autre blessé devant le bureau du syndicat à Wonderkop dans les mines de platine de Lonmin, au moment même où la Ministre du travail, Mildred Oliphant, réunissait les dirigeants des deux syndicats rivaux Num et Amcu.
Les mines de platine sont devenus un enjeu crucial de la représentativité des syndicats. Depuis les événements de Marikana, le syndicat Amcu affirme être le syndicat majoritaire avec 70% des 30 000 employés de Lonmin et à ce titre il devrait être reconnu comme l’interlocuteur du patronat dans toutes les négociations.
Amcu exige que le Num quitte le local syndical auquel il n’a plus droit. Cette affaire a pris une vilaine tournure quand une grève sauvage de deux jours a eu lieu pour demander le départ des représentants du Num, alors que le tribunal avait donné au Num jusqu’au 15 juillet pour quitter les locaux. C’est dans ce contexte que le dirigeant du Num a été abattu devant son bureau. La réunion avec la ministre et les dirigeants syndicaux à l’annonce de cette fusillade a failli tourner à l’empoignade.
Pour calmer le jeu, le Président Zuma avait annoncé, il y a quelques jours, la mise en place d’une commission dirigée par le vice président Kaglema Motlanthe. Le secteur des mines est le secteur le plus important de l’économie sud-africaine comptant pour 60 % des exportations. Les grèves à répétition et la violence qui sévissent depuis des mois dans ce secteur ont un impact négatif sur la croissance et invitent les investisseurs étrangers à la prudence.
Les mines sont le plus gros employeur du pays et aussi un réservoir d’électeurs pour l’Anc. Le Cosatu en tant que partenaire du parti au pouvoir au sein de la Triple Alliance appelle depuis 1994 ses adhérents a voté massivement pour l’Anc. La perte d’influence du Num pourrait aussi avoir un impact sur les élections prévues pour 2014, d’autant que les négociations salariales doivent bientôt commencer dans le secteur minier et que pour peser en faveur des travailleurs, le Num a l’habitude d’appeler à la grève.
L’appel de la Ministre du travail aux syndicats d’agir avec responsabilité et d’affirmer que les syndicats ont le droit de faire grève, mais sans recourir à la violence a peu de chance d’être entendu car des grèves illégales affectent aussi des mines d’or et de chrome et des menaces de licenciements ont toutes les chances d’alourdir encore plus le climat. Reste à savoir si la force de sécurité qui doit être mise en place arrivera à intervenir sans effusion de sang supplémentaire.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le mardi 4 juin 2013
© RENAPAS
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