Le climat dans les mines sud-africaines devient de plus en plus électrique après la réunion du comité central du Num, l’ouverture des négociations salariales dans le secteur minier et une situation plus que volatile dans les mines de platine de la région de Rustenberg.
Pour la réunion du comité central du syndicat des mineurs, l’Anc avait envoyé son trésorier général, le gouvernement, la Ministre des mines et de l’énergie et la fédération syndicale du Cosatu avait dépêché son secrétaire général. Tous ont déploré les querelles et fractions internes, la division qui ne profite qu’au patronat.
Pour Susan Shabangu, Ministre des mines, les syndicats « doivent représenter les intérêts des mineurs » au lieu de chercher à se détruire l’un l’autre, faisant référence à la rivalité mortelle entre le Num et l’Amcu. Pour le trésorier de l’Anc, la désunion au sein des syndicats et de l’alliance tripartite empêche celle-ci « d’accomplir sa tâche historique d’améliorer les conditions de vie des plus pauvres, de lutter contre le chômage et les inégalités. La désunion au sein de l’alliance donne un espace d’intervention à notre ennemi commun. »
Le plus direct et le plus virulent à dénoncer l’ennemi a été Z. Vavi, le secrétaire général du Cosatu : « la source de tous nos problèmes…se situe dans les conseils d’administration des grandes multinationales minières et de construction…qui ne sont intéressées qu’à faire le plus de profits possibles pour satisfaire leurs actionnaires, et qui traitent les travailleurs comme des pions que l’on peut embaucher et licencier comme ils veulent ». Et de mettre en garde contre le retour de l’exploitation quand les travailleurs n’avaient aucun droit.
Z. Vavi a aussi fait appel à quelques chiffres pour dénoncer les inégalités persistantes et les conditions des mineurs : un PDG chez BHP Billiton gagne en moyenne 850 fois le salaire moyen d’un mineur ; entre 2001 et 2011, 2301 mineurs sont morts au travail et 43000 sérieusement blessés ; 760 000 nouveaux cas de tuberculose sont détectés chez les mineurs chaque année, qui sont aussi victimes du sida et de la silicose. Les conditions de vie immondes dans lesquelles ils vivent eux et leurs familles ont été une des causes qui ont déclenché les événements tragiques de la mine de Marikana.
Ces chiffres justifient pleinement les augmentations de salaires demandées, un salaire minimale de 7000 rands par mois pour ceux qui travaillent en surface et 8000 rands pour ceux qui travaillent au fond de la mine (700 et 800 euros environ) et 15% d’augmentation pour les autres catégories de travailleurs. Entre 2006 et 2011, Lonmin, Implats et Amplats ont réalisé des profits de l’ordre de 160 milliards de rands.
Les problèmes internes au fonctionnement du syndicat n’ont pas étaient laissés dans l’ombre et les dirigeants ont pointé du doigt les querelles entre syndicats dont les champs de recrutement ne sont pas clairement définis et qui se disputent les adhérents comme le font le Numsa et le Num sur le chantier de la centrale de Medupi.
Le manque de formation des délégués syndicaux, l’absence d’élections pour le renouvellement des délégués syndicaux ce qui est la porte ouverte à des manœuvres de corruption, la distance entre les responsables syndicaux et les adhérents ont abouti à une chute des effectifs et à ce que les travailleurs cherchent ailleurs ce qu’ils ne trouvent plus au Num.
Vavi n’a pas ménagé l’attitude des responsables syndicaux à Rustenberg et Marikana : en appelant à la reprise du travail, le syndicat s’est comporté comme un employeur et a commis une erreur en qualifiant la grève d’illégale « Il n’y a pas de grève illégale ». Le recrutement de dirigeants sur la base de qualifications académiques au lieu de l’expérience syndicale, l’attribution d’un salaire confortable et d’avantages en nature comme une voiture de fonction et le fait que le responsable syndical apparaisse plus comme le porte parole du patronat que porteur des revendications des adhérents ont accentuer la méfiance envers le syndicat et expliquerait la défection de 40 000 adhérents, chiffre contesté par le secrétaire du Num, Frans Baleni.
Ce dernier a insisté sur la nécessité pour le syndicat de ne pas être à la traîne de la transformation des méthodes de production dans les mines, la construction et le secteur énergétique. L’acquisition de formation et de compétences professionnelles est aussi une façon de renforcer le syndicat. Le secrétaire a, dans son intervention fortement, critiqué ceux qui donnent des informations aux médias dans le but de nuire au syndicat.
Tous les intervenants ont reconnu le rôle crucial des mines dans l’économie sud-africaine par son importance dans la richesse nationale, sa capacité à créer des emplois, à attirer des investissements. Aussi l’instabilité dans ce secteur, les grèves, les incidents meurtriers donnent une image négative et tous exhortent les partenaires, patronat, syndicats et gouvernement à trouvé un terrain d’entente par la négociation plutôt que par la confrontation.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le lundi 27 mai 2013
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