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Centenaire de Gerard Sekoto

Jacqueline Dérens

Pour le centenaire de Gérard Sekoto, le Wits Art Museum à Johannesburg propose jusqu’au 2 juin, une exposition exceptionnelle des œuvres du maître sud-africain, né à Bostshabelo et qui a vécu en France de 1947 à 1993, où il est mort à Nogent Sur Marne.

« Même pour ceux qui connaissent bien le travail et le style de Gerard Sekoto, l’exposition du Wits Art Museum sera une révélation. Voir ses tableaux disposés en ordre chronologique, reflétant les endroits et les moments à chaque moment de sa vie procure aux visiteurs une plongée irrésistible dans les oeuvres de Sekoto et son développement d’artiste » écrit J Brooks Spector dans un article enthousiaste paru dans Daily Maverick.

Né dans une mission allemande, à Botsahbelo dans le Transvaal , Gerard Sekoto dont le père était pasteur et enseignant, marchera d’abord sur les traces de son père en devenant lui aussi enseignant, mais le dessin et la peinture étaient sa vraie passion. Dès la fin des années1930 il gagnera de nombreux prix dans des compétitions artistiques ce qui l’encouragera à poursuivre sa vocation.

Il part s’installer à Sophiatown, la ruche intellectuelle et artistique de l’époque, où il rencontre d’autres artistes et perfectionne sa technique. Il part ensuite s’installer au Cap dans District Six, un autre haut lieu de la culture sud-africaine avant qu’il ne soit détruit comme Sophiatown par les dirigeants de l’apartheid. Il revient en 1945 s’installer dans la township de Eastwood, près de Pretoria où ses tableaux sont appréciés. Pour les critiques d’art, la période où il vit et peint à Eastwood est « sa période dorée » où le sujet de la plupart de ses tableaux est la vie quotidienne des habitants de la township. Mais le climat oppressant du racisme de l’époque lui pèse et il décide de partir à l’étranger.

Il décide de partir pour Paris où il espère rencontrer des artistes venus du monde entier. Toutefois entre les rêves de l’artiste noir et la réalité parisienne, il y a les difficultés matérielles qui l’obligent pour gagner sa vie à devenir musicien dans un club de jazz, l’Echelle de Jacob. Pianiste et chanteur la nuit, il pourra ainsi continuer à peindre le jour.

La vie n’était pas toujours rose à Paris, mais il réussit à exposer et quelques une des ses œuvres seront même exposées à la Tate Gallery à Londres avec celles de 50 artistes blancs sud-africains. En 1966 il va au Sénégal, cette visite sur le continent africain lui redonne de l’énergie, car le régime d’apartheid a annulé son passeport ce qui veut dire qu’il ne pourra jamais retourner dans son pays.

A son retour, la disparition de sa compagne Martha Baillon l’affecte profondément. Plus tard, Il est victime d’un grave accident et passera de longs mois à l’hôpital. En 1985, il s’installe à la Maison de retraite des artistes de Nogent sur Marne, où il résidera jusqu’à la fin de sa vie en 1993. Il repose dans le cimetière de la petite ville de la banlieue parisienne.

J’ai eu le grand bonheur de rencontrer Gerard Sekoto en 1990 à la Maison de retraite de Nogent sur Marne. J’accompagnais alors des représentants de l’Anc venus pour l’inauguration de la médiathèque Nelson Mandela à Vitry sur Seine et qui voulait absolument lui rendre visite. J’ai gardé le souvenir d’un vieux monsieur pétillant de malice qui a raconté avec beaucoup d’humour son arrivée à Paris et sa découverte du métro parisien et comment il avait réussi à trouver du travail comme pianiste et chanteur dans un club de jazz. Dans sa chambre il y avait un grand tableau dans des tons bleu représentant les bords de Seine.

La mémoire de son pays natal restera l’inspiration majeure de la plupart de ses œuvres, tout en intégrant de nouvelles techniques : le cubisme, l’expressionisme allemand, où la façon de peindre de Van Gogh. Des textes de Gerard Sekoto complète l’exposition et permettent de mieux comprendre comment cet artiste sud-africain a survécu à la complexité du monde qui l’entourait et comment son art était la réponse qui lui permettait de vaincre la cruauté de son temps et de l’exil.

L’exposition est l’aboutissement d’un long travail entrepris par la Fondation Gerard Sekoto. Les œuvres exposées proviennent essentiellement de collections privées. L’ironie veut que BHP Billiton soit le propriétaire du célèbre tableau Song of the pick où des ouvriers noirs lèvent leurs pioches en cadence sous les ordres d’un contremaître blanc, le symbole même de l’oppression du système d’apartheid et du capitalisme blanc.

De nombreuses entreprises multinationales ont financé cette exposition exceptionnelle. Le financement sera–t-il suffisant pour qu’une exposition de cette envergure soit un jour offerte au public français et lui faire découvrir un artiste exceptionnel qui avait choisi Paris pour lieu d’exil ?

Plusieurs ouvrages permettent de découvrir Gerard Sekoto ainsi que des sites web qui lui sont consacrés

Publié le dimanche 12 mai 2013


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