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Une journée particulière de la liberté

La Journée de la liberté qui commémore la tenue le 27 avril 1994 des premières élections libres en Afrique du Sud qui allaient donner à l’Anc une majorité confortable et conduire Nelson Mandela à devenir le premier président noir de la République d’Afrique du Sud a un goût amer, car la veille le Parlement a adopté une nouvelle loi sur la presse que beaucoup dénoncent comme une atteinte à la liberté.

La loi dite du « secret » qui servira à protéger des informations que l’État jugera sensibles et ne devant pas être connues de l’opinion publique ressemble fort à une forme de censure pour ceux qui bataillent depuis trois ans pour qu’elle soit sérieusement amendée ou plus simplement abandonnée.

De multiples réunions publiques, des consultations auprès du Conseil national des provinces, des commissions parlementaires, des pétitions, des mises en garde de personnalités comme Nadine Gordimer, n’ont pas empêché que la loi, amendée par rapport au texte initial, soit adoptée par 189 députés contre 74 votes négatifs et une abstention.

Le Cosatu et la Campagne Right2know, littéralement le droit de savoir, ont été particulièrement actifs pour montrer que cette loi porte atteinte à la liberté de la presse : un journaliste reconnu coupable d’avoir divulgué une information classée « secrète » risque cinq ans de prison.

Le gouvernement a beau dire que cette loi améliore l’information du citoyen tout en protégeant mieux sa vie privée, les opposants ne sont pas convaincus. L’archevêque catholique du Cap, Stephen Brislin a rejoint le Conseil des Églises d’Afrique du Sud pour dénoncer « cette loi peu satisfaisante » car pour lutter contre la corruption « nous avons besoin de plus de transparence, pas de plus de secret ».

Avant d’être promulguée, la loi doit être signée par le Président Zuma. S’il le fait, tous les partis d’opposition et les organisations qui se sont battus contre cette loi ont indiqué qu’ils porteraient l’affaire devant la Cour Constitutionnelle.

Cette loi arrive à un moment fort peu opportun quand l’opinion publique sud-africaine se pose toujours la question de savoir pourquoi 13 soldats sud-africains sont morts en République centrafricaine et pour défendre quels intérêts. La visite surprise du Premier ministre de Centrafrique en Afrique du Sud renforce le malaise devant cette aventure militaire peu flatteuse et fort obscure.

Publié le samedi 27 avril 2013


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