Les syndicats en Afrique du Sud ont toujours joué un grand rôle dans la vie sociale, économique et politique du pays. Réprimés au temps de l’apartheid, ils n’ont jamais baissé les bras devant l’oppression et aujourd’hui confrontés au défis économiques de l’après apartheid, il se veulent les champions des pauvres et des travailleurs, mais en ont-ils encore les moyens ?
Il y a aujourd’hui en Afrique du Sud 193 syndicats, dont 117 ne sont affiliés à aucune des quatre grandes fédérations, la Fedusa, le Nactu, la Conwasa et le Cosatu. Cette dernière compte environ 2 millions de syndiqués répartis dans 20 syndicats.
Zwelinzima Vavi, le secrétaire général du Cosatu, qui participait à une réunion des délégués syndicats à Durban à déplorer cette fragmentation du monde ouvrier qui ne peut qu’affaiblir sa force.
La multiplicité des « grèves sauvages », la chasse aux adhérents entre syndicats, les affrontements de factions au sein même du Cosatu, autant de comportements qui servent de repoussoir. Vavi a évoqué la rivalité qui oppose le syndicat des mineurs, Num, à celui de la métallurgie, Numsa, sur le site de construction de la centrale de Medupi, des chevauchements de champ syndical entre le Sadtu et le Nehawu qui recrutent tous deux parmi les personnels de santé et d’éducation.
Cette désillusion des Sud-africains envers les syndicats est confirmée par une enquête de la Commission des droits de la personne. D’une manière générale la cote de confiance envers les syndicats est passée de 43% en 2011 à 29% en 2012 et parmi la population noire et ouvrière qui est le réservoir naturel des syndicats la méfiance envers les syndicats est passée de 21% à 35%.
Les grèves de l’été dernier dans les mines de platine et dans les exploitations agricoles montrent qu’il y a un grave malaise dans le monde syndical et pour l’auteur de l’étude « étant donné que la conscience de classe était un des thèmes essentiels du mouvement ouvrier en Afrique du Sud, la croissance du manque de confiance dans les syndicats est très préoccupante ».
Naledi, le groupe de réflexion du Cosatu avait mené une étude l’an dernier qui avait aussi constaté une attitude négative croissante des travailleurs envers les syndicats : un sur trois étant persuadé que la corruption avait gagné ceux qui étaient censés les défendre et un sur sept affirmait en avoir fait l’expérience.
Les dirigeants syndicaux, bien que méfiants envers les études et statistiques que l’on peut manipulées pour nuire aux syndicats, sont bien conscients des difficultés que traversent le mouvement syndical en ce moment et les conférences et réunions qui se succèdent en arrivent la même conclusion : il faut réagir vite et bien pour reconquérir la confiance perdue.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le mercredi 10 avril 2013
© RENAPAS
© RENAPAS
Pour nous contacter
Conception du site : AB
Site réalisé sous SPIP