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Afrique du Sud : des lendemains qui ne chantent pas

La vie ordinaire a repris ses droits après l’effervescence de la conférence de Mangaung, les festivités de fin d’année et la torpeur des jours d’été. L’ordinaire, c’est la lutte pour des salaires décents, la lutte contre les licenciements, les augmentations de tarifs d’électricité et la taxe du péage pour les automobilistes. Largement de quoi occuper le gouvernement, les syndicats et l’homme de la rue dans les prochaines semaines.

Les dernières grèves dans les mines et l’agriculture pour des salaires décents et de meilleurs conditions de travail ont mis au grand jour la persistance d’une économie qui fonctionne comme au temps de l’apartheid : une main d’œuvre non qualifiée, abondante et mal payée. Aujourd’hui ce fonctionnement est remis en cause par la mondialisation des échanges et les lois du marché.

Le doublement des salaires des ouvriers agricoles pour atteindre les 150 rands par jour a peu de chance d’aboutir et les patrons menacent de licencier massivement et d’avoir recours à la mécanisation. Les négociations au cas par cas arrivent, dans le meilleur des cas, à accord pour un salaire de 105 rands et le syndicat des exploitants agricoles Agri Sa demande au ministre de l’agriculture qui va bientôt rendre son arbitrage de fixer le salaire minimal autour de 85 rands.

La situation dans les mines n’est guère brillante. Après le conflit sanglant dans les mines de platine, Amplats menace de licencier 14000 personnes et si le gouvernement a réussi à faire reculer le patronat momentanément, la question de la rentabilité des mines, de la taxation des profits miniers, des investissements nécessaires pour remplacer des infrastructures vieillissantes reste entière.

L’annonce par Eskom, la compagnie nationale d’électricité, d’augmenter ses tarifs de 16% par an pendant les cinq prochaines années, ce qui doublera le prix du kilowatt pour les consommateurs a provoqué un déferlement de protestations de la part des syndicats comme du patronat. Le Cosatu prévoit des manifestations de grande ampleur et accuse le Nersa, l’organisme qui fixe le prix de l’énergie d’être coupé de la vie vécue par la majorité de la population pauvre et de qualifier les soi-disant débats publics d’« écran de fumée ».

Déjà des manifestations ont eu lieu devant le siège d’Eskom et de Nersa et le Cosatu a prévenu que cela n’était qu’un début. Le syndicat n’est pas le seul à protester, les industriels brandissent la menace des licenciements et des fermetures d’entreprises si le coût de l’énergie augmente. Les associations de la société civile entonnent le même refrain « Cette augmentation va créer un chômage massif et exacerber les inégalités et alimenter l’agitation sociale » affirme l’association Salga.

Eskom n’est pas insensible à ces arguments, mais l’entreprise a besoin d’investir massivement dans la rénovation des réseaux, la construction de nouvelles centrales pour répondre aux besoins de l’économie du pays et contribuer à la croissance. Le Pdg d’Eskom a exprimé sa confiance dans les débats organisés pour trouver une solution équilibrée et satisfaisante, mais le débat semble fort mal engagé.

Les opposants au péage autoroutier ne baissent pas les bras en dépit de leurs déboires devant la justice. Des manifestations massives sont prévues dans les jours qui viennent organisées par le Cosatu et Outa, une association d’usagers. Les arguments sont toujours les mêmes : taxer les automobilistes revient à pénaliser les plus pauvres, le péage est une forme de privatisation du réseau routier, la collecte de l’argent reste obscure et surtout cet argent n’ira pas vers l’amélioration des transports publics.

La convergence des protestations risque fort de créer de sérieux soucis au gouvernement qui va se trouver en position d’arbitre dans plusieurs de ces conflits, sans compter la colère des citoyens qui monte devant les dépenses « grotesques » pour rénover la résidence du Président Zuma et autre dilapidation de l’argent public.

Plus d'informations : cosatu Media Monitor

Publié le jeudi 31 janvier 2013


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