Les ouvriers agricoles ont repris le travail et le calme est revenu dans les grands vergers de la région du Cap. Mais nul ne peut dire qui a gagné tant les déclarations et commentaires des uns et des autres sont contradictoires. Une chose est sûre : le monde agricole sud-africain traverse des moments difficiles.
La grande majorité des travailleurs ont repris la cueillette des raisins de table, une production massivement destinée à l’exportation. Mais cette reprise du travail a été faite à deux conditions : que des négociations au niveau local s’engagent sur les salaires et que les grévistes ne soient pas pénalisés.
Le syndicat des exploitants agricoles, Agri SA n’a pas fait de commentaires sur ces conditions et le Cosatu qui a négocié la reprise du travail se dit inquiet et n’exclut pas la reprise du mouvement rapidement s’il est avéré que des grévistes ont été victimes de représailles. Le syndicat prévoit de porter plainte contre les patrons selon la section 77 du code du travail.
L’appel à la reprise du travail sans victoire claire sur la revendication du doublement du salaire journalier a été fait parce que sans aucun revenu les travailleurs saisonniers ne pouvaient plus vivre. Des colis alimentaires avaient été distribués, ce qui avait aussitôt alimenté les rumeurs du « colis alimentaire pour encourager la grève ».
Depuis le mois de novembre, la région vit sous tension. La police a réprimé les manifestations sans ménagement et des pillages, destructions de matériel, incendies criminels de bâtiments se chiffrent par centaines de millions de rands selon Agri SA. Cette situation est mauvaise pour l’image de l’agriculture sud-africaine et des marchés internationaux importants sont menacés.
Nosey Pieterse, dirigeant du syndicat Bawusa estime que les ouvriers agricoles ont marqué des points et considère cette grève comme une grande victoire car elle oblige le gouvernement à revoir le salaire minimum dans l’agriculture. Il affirme que déjà de nombreux travailleurs vont toucher au moins 100 rands par jour.
Le salaire d’un ouvrier agricole peut varier d’une exploitation à l’autre et les avantages en nature, logement, transports, paiement des frais de scolarité des enfants ou frais médicaux sont laissés au bon vouloir du patron. Ce mode de fonctionnement paternaliste a évidemment ses limites, mais permet de faire la différence entre les « bons et les mauvais patrons ».
Johannes Möller, le président de Agri Sa pour la région du Cap approuve la reprise du travail mais il met en garde les syndicats sur une reprise de la grève. « Je voudrais rappeler à ceux qui font d’une manière générale des remarques désobligeantes envers les gros exploitants, que ceux-ci respectent la loi et qu’ils font attention à leurs employés comme n’importe quel autre employeur de l’économie sud-africaine. Il réussissent à nourrir la nation, a gagné des marchés internationaux et ces soi-disant « mauvais patrons » sont très demandés dans le reste de l’Afrique ».
Le monde agricole sud-africain est en ébullition et des engagements clairs de la part du gouvernement pourraient apaiser le climat pour que des négociations et des réformes de fond apportent des solution viables pour un des secteurs fondamentaux de l’ économie sud-africaine.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le vendredi 25 janvier 2013
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