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Les ouvriers agricoles de la région du Cap vont-ils reprendre leur grève ?

Les ouvriers agricoles de la région du Cap ont l’intention de reprendre la grève interrompue en décembre dernier. Ils avaient fixé la date du 9 janvier pour obtenir satisfaction et les négociations en cours n’ont rien donné. La grève, si elle reprend, sera illimitée

Selon Tony Ehrenreich, le responsable régional du Cosatu, les demandes des travailleurs n’ont pas été entendues par le syndicat des agriculteurs Agri Sa, ni le gouvernement. Les travailleurs demandent le doublement de leurs salaires soit 150 rands par jour au lieu des 70 à 80 rands qu’ils touchent actuellement. Le travail dans les vignes et les vergers est un travail harassant et au moment des récoltes, en janvier, février c’est à dire pendant l’été austral, il faut travailler sous un soleil de feu.

Le passé pèse lourd dans cette région de vignes et fruits. Selon Fatima Shabodeen, responsable de l’association Women on Farms Project, il y a environ un million d’ouvriers agricoles en Afrique du Sud, dont 20% dans la région du Cap Ouest et le salaire moyen, en 2010, était de 1231 rands par mois (environ 120 euros par mois), salaire qui fait vivre jusqu’à sept personnes. Les conditions de vie ont peu changé pour les travailleurs agricoles permanents ou saisonniers. Pour les permanents logés à la ferme, le renvoi signifie perte de salaire et de toit.

Les lois adoptées à la fin des années 1990 qui avaient pour but de protéger les travailleurs résidents sur les exploitations ont eu l’effet pervers d’accélérer les renvois de travailleurs avant 60 ans, en particulier des femmes qui n’avaient pas de titres de propriétés. Pendant la coupe du monde, il était plus rentable pour un propriétaire de renvoyer une famille d’ouvriers agricoles, de rénover la maison et de la louer aux touristes.

Avec la mondialisation, les agriculteurs sud-africains se trouvent confrontés à la concurrence et doivent investir et changer leur mode de production. Certains le font, mais au détriment de l’emploi, ils licencient des travailleurs permanents et embauchent des saisonniers, souvent venus de loin, d’autres provinces ou d’autres pays. Ces migrants économiques ne sont pas toujours bien vus par la population locale qui voit en eux des concurrents sur le marché du travail. En 2009, la région de De Doorns avait était le théâtre d’affrontements violents entre la population locale et les travailleurs migrants.

Le système du « dop », s’il est en voie de disparition, existe encore dans de nombreux vignobles. Le système aussi ancien que la culture de la vigne dans la région consiste à payer les travailleurs en ration de vin plusieurs fois par jour, adultes comme enfants. Les effets sont dévastateurs sur leur santé. Dénoncé au temps de l’apartheid, illégal depuis 15 ans, le système du « dop »a marqué si fort le mode de vie qu’en 2009 on pouvait encore entendre des remarques du genre « on ne peut pas parler à grand-père le samedi. Il a touché sa retraite et il pense que c’est pour acheter du vin pour le week-end ».

La question de la terre n’est toujours pas résolue et reste une des revendications des travailleurs agricoles qui estiment faire partie « des personnes historiquement désavantagées du pays ». Le Black Economic Empowerment a certes permis quelques réussites spectaculaires, mais la région des vignobles reste majoritairement aux mains des Blancs et en 2006, moins de 1% des vignobles était devenu propriété des Noirs (au sens de non Blancs). La réforme agraire est un sujet sensible dans cette région où le prix de la terre est très élevé, les investissements en matériel coûteux et l’immobilisation du capital sur une ou plusieurs années en attendant la bonne récolte, peut être fatal aux débutants.

Toutes ces questions non résolues forment la toile de fond de la révolte des ouvriers agricoles qui ont démarré leur mouvement spontanément. Ils sont las d’attendre des changements promis qui n’arrivent toujours pas.

Pour en savoir plus sur l’histoire de la vigne et de ceux qui la cultivent dans la région du Cap, on trouvera une mine d’informations dans le livre de

Jeanne Viall, Wilmot James et Jakes Gerwel

From Slavery to BEE 1652-2011

Grape : stories of the vineyards in South Africa

Publié le mardi 8 janvier 2013


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