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Afrique du Sud : les enseignements du recensement de 2011

Un recensement est une source d’informations sur la population, sur la façon dont elle vit et permet aux autorités du pays, examiné à la loupe par les recenseurs et les experts, d’utiliser ces informations pour revoir sa politique. Les informations livrées par recensement sud-africain montre que la population noire sud-africaine est toujours la plus touchée par la pauvreté, les inégalités et le chômage en dépit de réels progrès.

Le recensement montre d’une manière cruelle que la division raciale du passé est toujours bien réelle dans la vie quotidienne de la population sud-africaine et tous les commentateurs expriment leur inquiétude face à ces inégalités persistantes.

Trevor Manuel a confié à des journalistes du Cap « cela confirme nos pires craintes et c’est pour nous un grand défi ». Un foyer noir dispose en moyenne d’un revenu six fois inférieur à celui d’un foyer blanc : 60 613 rands par an contre 365143 rands par an. Le revenu moyen pour un foyer métis est 112000 rands par an et celui d’un foyer indien ou asiatique de 250 000 rands par an. La distribution des revenus reste toujours celle d’une distribution selon des critères raciaux.

Le chômage reste élevé avec un taux officiel de 23%, mais la disparité entre hommes et femmes et entre blanc et noirs reste préoccupante. Le taux de chômage pour les femmes noires, les plus exclues du marché du travail avoisine officiellement les 43%. Les moins touchés par le chômage sont les hommes blancs avec seulement 5% de chômeurs. Les chances de trouver un emploi sont plus élevées pour un homme blanc avec 75,5%, suivi par les hommes Indiens ou asiatiques avec 65% de chance ; les femmes noires ont seulement 28% de chance de trouver un emploi. Ces chiffres reflètent toujours les divisions persistantes de genres et de races depuis 1994.

Le recensement révèle aussi que les gens vont là où ils pensent trouver un emploi ou une vie meilleure. Les deux provinces du Gauteng et du Cap occidental ont ainsi vu grossir leur population, celle du Gauteng est estimée à 12, 3 millions d’habitants, celle du Cap occidental à 5,9 millions d’habitants avec une forte proportion de nouveaux arrivants , un tiers de la population parle le Xhosa dans cette province. La motivation pour aller vivre dans ces deux provinces est double selon le démographe Van Aardt " soit ce sont les très pauvres à la recherche d’un emploi, soit ce sont des gens plus riches et plus qualifiés qui veulent profiter des opportunités professionnelles et culturelles de la vie urbaine ».

La tendance est la même pour toutes les grandes villes, ce qui n’est pas sans poser de problèmes au niveau des services, eau, électricité, logements pour les grandes métropoles et pour les provinces les plus pauvres et les plus rurales la perte de ressources risque de les enliser encore plus dans la pauvreté.

Mais ce recensement offre aussi quelques chiffres réconfortants. Le nombre d’habitants ayant accès à l’eau, à l’électricité, au ramassage des ordures a doublé depuis 1994. L’accès à l’éducation, même s’il y a encore beaucoup à faire et qu’un cinquième de la population est toujours illettrée, a marqué des points.

Le pourcentage des plus de 20 ans qui ont eu accès à l’éducation supérieure est passée de 8,4 % en 2001 à 12,1% en 2011 et le nombre de bacheliers de 20,4 à 28,5% alors que le nombre de ceux qui n’ont pas eu accès à l’éducation est tombé de 17,9% à 8,6%.

Le Mail & Guardian résume très bien ces avancées et les progrès encore à faire en dressant le portrait imaginaire de Thuli, une jeune femme noire de 25 ans qui parle le Zoulou, vit dans la province du Gauteng où elle est née, qui vit avec deux ou trois personnes dans un logement dont elles sont propriétaire sans dette, ni hypothèque.

« D’une certaine façon, Thuli est un mystère, les chiffres nous donnent des renseignements sur sa façon de vivre, mais ne nous disent pas grand chose sur ses espoirs et ses ambitions. Mais nous pouvons dire quand même : que si nous prenons en compte ses besoins de base (et quelques extra) elle a ce qu’elle désire, et donc Thuli est heureuse. Mais si elle souhaite davantage dans la vie, disons faire une carrière qui pourrait donner à ses enfants la chance d’avoir une éducation supérieure, alors elle sera déçue ».

Plus d'informations : cosatu Media Monitor

Publié le jeudi 1er novembre 2012


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