La décision du NPA d’accuser collectivement de meurtre les 270 mineurs arrêtés après le massacre de Marikana a provoqué un tollé dans l’opinion publique comme dans la classe politique. La suspension de cet acte d’accusation en attendant plus d’éléments et de preuves apporte un peu d’apaisement, mais ne résout aucune des questions posées par le drame du 16 août dernier.
Dans la constitution sud –africaine la justice est indépendante du pouvoir politique, le Président Zuma ne pouvait donc pas répondre favorablement à ceux qui demandaient la libération pure et simple des accusés. Mais la décision prise et annoncée par le NPA au cours d’une conférence de presse cherche à apaiser le climat. L’avocat Jiba qui est le directeur exécutif du NPA a précisé que cette suspension serait annoncée officiellement aux accusés lors d’une prochaine comparution, mais que les autres actes d’accusation étaient maintenus.
Pendant le week-end les familles ont enterré leurs morts dans la province du Cap oriental comme au Lesotho et la question lancinante que tous répètent : pourquoi cette tuerie ? Un parlementaire du Lesotho, lui-même ancien mineur a pointé du doigt la faillite de son propre gouvernement qui oblige les travailleurs du Lesotho à chercher du travail ailleurs et l’action meurtrière de la police sud-africaine.
En Afrique du Sud, le drame de Marikana continue à agiter la classe politique et des voix critiques s’élèvent au sein même de l’Anc . Le trésorier Mathews Phosa, membre du Comité national exécutif de l’Anc a mis en garde contre « un autre Marikana » à la suite de la décision du NPA qui avait aussi été critiqué par le Ministre de la Justice et le président du groupe parlementaire de l’Anc.
Mathews Phosa avait qualifié la décision du NPA « d’absurde et inconsidérée » qui pouvait avoir « des conséquences trop horribles à imaginer ». Il a aussi posé ouvertement la question « pourquoi les travailleurs ont perdu confiance dans les autorités ? ». Une question que beaucoup se posent au sein de l’alliance, Anc, Cosatu , Sacp. Une autre question posée par le trésorier de l’Anc est celle de la militarisation de la police au cours de la présidence de Zuma.
L’opposition a bien sûr fustigé l’attitude du président et de sa police et la décision du NPA qui rappelait les jours sombres de la justice expéditive de l’apartheid. Cette critique n’a toutefois pas atteint les outrances d’un Julius Malema qui veut rendre les mines « ingouvernables ».
Quelles que soient les conclusions de la Commission d’enquête et le sort que la justice réserve aux mineurs inculpés, les prochaines conférences nationales du Cosatu et de l’Anc ne pourront pas échapper aux questions de fond que le massacre de Marikana a mis au grand jour.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le lundi 3 septembre 2012
© RENAPAS
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