La récupération politique du massacre de Marikana par les uns ou par les autres occulte une question vitale pour l’industrie minière celles des conditions de vie des mineurs. Loin du brouhaha médiatique quelques voix s’élèvent pour parler de la vie quotidienne de ceux qui font la richesse du pays sans en tirer le moindre bénéfice ni hier, ni aujourd’hui.
Depuis 1994, les compagnies minières sont obligées par la loi de transformer les sordides « hostels » qui ressemblent plus à des baraquements de camps de concentration qu’à des foyers pour travailleurs et qui avaient été transformés en champs de bataille dans les années 1990 entre les militants de l’Inkhata et de l’Anc, en résidences pour célibataires ou résidences pour les familles des mineurs. Cette obligation est inscrite dans la Charte des mines, mais est loin d’être respectée et les mineurs partagent toujours des dortoirs crasseux avec des installations sanitaires repoussantes.
Si les mineurs préfèrent vivre en dehors des logements de la mine, ils reçoivent alors une allocation de logement d’environ 1800 rands( 180 euros environ). Beaucoup préfèrent cette solution et les bidonvilles autour des mines ont poussé comme des champignons ces dernières années et des familles entières s’entassent dans des baraques sans eau, sans électricité, sans sanitaire.
Un article du Business Day de Paul Kapelus revient sur la nature du travail migrant qui est le fondement de l’exploitation des mines depuis leur mise en activité et qui est à l’origine de la tragédie de Marikana, beaucoup plus selon lui que la rivalité entre les syndicats où même l’enjeu politique actuel. . Le travail migrant assure le lien entre les zones rurales, réservoirs de main d’oeuvre et zones urbaines où se trouvent les emplois. Ce schéma fonctionne depuis plus d’un siècle et a assuré la richesse économique du pays et le changement politique de 1994 n’a rien changé à cette forme d’organisation du travail.
Sans les foreurs, qui sont à l’origine du conflit, l’exploitation des mines est impossible. Pour la mine de Marikana, ces hommes venus des zones rurales du Cap oriental, les anciens bantoustans du Ciskei et du Transkei ou du Lesotho ont souvent deux familles à nourrir : celle restée au village qu’ils voient une fois l’an et celle avec qui ils vivent quand ils travaillent à la mine.
Pour faire vivre ces deux familles, il est évident que leurs salaires est insuffisant. Comme le souligne Paul Kapelus “C’est pourquoi la question du travail est aussi une question de la communauté et il sera bientôt de plus en plus difficile de séparer les deux pour les compagnies minières”.
L’augmentation des prix des produits alimentaires, des des transports et la fermeture des mines ou le blocage des salaires à cause de l’augmentation du coût de production rendent la situation intenable pour ces hommes dont la fierté est de faire le travail le plus difficile au fond de la mine.
Le travail migrant comme il a été conçu au temps de la colonisation et de l’apartheid ne peut plus continuer, il faut le repenser complètement en y intégrant les communautés qui vivent autour de la mine. Il faut que tous les partenaires , les patrons, les municipalités, les autorités provinciales et gouvernementales s’associent pour imaginer des schémas nouveaux de développement autour de la mine.
Les communautés qui vivent autour de la mine ont besoin de logements, d’écoles, de dispensaires, de lieux de réunion, de stades etc. Les ressources existent et, pour reprendre un titre de la presse, la malle aux trésors des richesses minières du pays ne peut plus côtoyer et ignorer la pauvreté la plus abjecte. La tragédie de Marikana a remis la redistribution des richesses plus que jamais à l’ordre du jour
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Publié le samedi 25 août 2012
© RENAPAS
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