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Marikana : saurons nous vraiment toute la vérité ?

La commission d’enquête est à peine au travail que déjà des doutes sont émis sur la probabilité de savoir ce qui c’est vraiment passé ce jeudi tragique à Marikana.

Selon Anthea Jeffery, responsable à l’Institut des relations raciales et auteur d’une étude sur la Commission Vérité et Réconciliation., une commission d’enquête ne devrait être acceptée que si elle est dirigée par un juge à la retraite avec une large expérience et sans aucun lien avec le parti au pouvoir, les syndicats ou la police. Elle doit avoir plein pouvoir pour mener ses enquêtes, elle doit tenir ses séances en public avec des témoins protégés s’il le faut et donner son rapport intégralement publié dans les deux mois.

Son travail doit permettre de répondre aux questions fondamentales : quelle était la menace réelle des hommes massés sur la colline ? Pourquoi la police devait absolument les déloger ce jour-là ? Pourquoi la police était-elle armée de vrais fusils avec de vraies balles au lieu du matériel adapté à la dispersion des foules ? Et pourquoi la police a tiré dans la foule, ce qui n’est dans aucun cas la manière de disperser des manifestants ?

Jeudi 23 août, jour des funérailles des victimes, le Président Zuma a donné les noms des responsables de la commission et précisé la nature de son travail. La commission sera présidée par le le Juge Ian Farlam, un juge à la retraite de la Cour suprême d’Appel entouré de Ady Bantubonke Tokota et Pingla Hemraj , deux avocats. La Commission doit enquêter sur l’attitude et la volonté de Lonmin à résoudre le conflit ; sur le rôle de la police, sur le rôle des deux syndicats impliqués dans le conflit ainsi que dans le rôle joué par le gouvernement, en particulier le Ministère des ressources minières. Amcu a déjà exprimé son scepticisme et souhaite une commission vraiment « indépendante ».

Selon Peter Alexander, un professeur de sociologie de l’Université de Johannesburg qui s’est rendu sur les lieux deux jours après la tragédie, la police aurait fait disparaître des preuves « il y a de l’herbe brûlée et on peut voir du sang qui a brûlé » ce qui l’amène à penser qu’il y a eu plusieurs endroits où les mineurs ont été tués, l’un près des barbelés mis en place par la police pour isoler le site et l’autre sur la colline « the killing koppie ».

Il est aussi très étonné que les journalistes n’aient pas cherché à interroger plus de témoins du drame car il sait d’expérience que plus on attend et plus la mémoire du déroulement d’un événement devient vague. Il est très important de reconstituer la scène à partir des témoignages de ceux qui ont vu comment les choses se passaient. Les journalistes se sont contentés d’interroger la police, les responsables d’Amcu, mais ils n’ont pas cherché à interroger les hommes qui étaient sur la colline. Le lundi matin les lieux du drame avaient été nettoyés.

Un spécialiste de la police scientifique affirme que le relevé de tous les indices n’a pas pu se faire sur une si grande étendue en si peu de temps. Avant de nettoyer les lieux, il faut relever tous les indices, prendre des photos, faire la liste des gens qui ont enlevé des éléments, etc. Pour un autre spécialiste, le lieu d’un crime est « un endroit sacré ».

La Commission des droits humains a demandé que les lieux de la tragédie soient considérés comme le lieu d’un crime, mais des milliers de personnes ont marché sur les lieux de la tuerie détruisant à jamais des preuves essentielles à l’enquête.

Plus d'informations : cosatu Media Monitor

Publié le jeudi 23 août 2012


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