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Journée des femmes sud africaines avec des fleurs et des pleurs

Ce 9 août 2012, il y a eu beaucoup de discours, beaucoup d’hommages rendus aux femmes qui ont fait l’histoire de l’Afrique du Sud, mais aussi beaucoup de questions sans réponses. Pourquoi tant de femmes pauvres, sans emploi ? Pourquoi tant de viols et de violence envers les femmes ? Pourquoi les femmes sont-elles toujours et encore les grandes perdantes de la démocratie ?

Les femmes seront à l’honneur pendant un mois pour souligner le rôle essentiel qu’elles ont joué dans la lutte contre l’apartheid. Le 9 août 1956 les femmes sud-africaines ont organisé la marche la plus célèbre pour dénoncer les lois injustes de l’apartheid, en particulier celle qui les obligeait à porter un « pass » pour se déplacer.

Mais aujourd’hui si les femmes sud–africaines ont réussi à s’imposer en politique, 14 ministres, 15 secrétaires d’état et cinq femmes dirigent 9 provinces et si l’une d’elles vient d’être nommée à la tête de l’Unité africaine la situation est loin d’être brillante sur le plan économique. La constitution leur reconnaît le droit à l’éducation, à l’emploi, à la santé, au logement, à la propriété mais dans les faits ces droits sont souvent inaccessibles aux femmes. La Constitution à elle seule ne peut pas faire avancer les revendications des femmes. Le « plafond de verre » qui empêche les femmes d’accéder à des postes de responsabilité dans les entreprises se révèle plus difficile à briser qu’on aurait pu le croire avec la victoire de 1994.

Les femmes sud-africaines sont les plus touchées par la pauvreté et le chômage. Quand elles ont un emploi, elles sont encore majoritairement cantonnées dans des emplois « féminins » : domestiques, vendeuses, ouvrières saisonnières, etc. des emplois mal payés en dépit de la nouvelle réglementation qui impose aux employeurs un salaire minimal. Les domestiques sont toujours à la merci de l’employeur qui considère que la domestique est toujours à sa disposition.

L’histoire de Cathy pourrait être celle de milliers de domestiques. « Je n’ai pas de pause pour déjeuner, je bois une tasse de thé et puis je reprends mon travail. Ma patronne me dit que je ne suis pas dans un parc ici, je suis là pour travailler. Je gagne 1600 rands par mois (160 euros environ) et 200 à 300 rands pour le travail supplémentaire pendant les week-ends et elle ne compte pas les heures. Quand j’ai parlé d’argent, elle m’a répondu qu’elle me donnait bien assez ». La célèbre bande dessinée Madam & Eve semble bien idyllique comparée à la réalité.

Le Ministre de la justice a récemment exprimé son horreur devant le nombre de viols dont sont victimes les femmes et les enfants. Les chiffres donnent le vertige et ce fléau sape tout le tissu social. Beaucoup s’accordent à dire que l’ennemi aujourd’hui pour les femmes, ce n’est plus l’apartheid mais les viols et la violence domestique. Le paradoxe est que le système patriarcal n’a pas disparu, mais c’est renforcé avec la démocratie.

Un monument a été inauguré à Pretoria pour honorer la mémoire de ces femmes qui ont osé braver la police et la répression au temps de l’apartheid. Aujourd’hui les organisations de femmes sont relativement silencieuses. La Ligue des Femmes de l’Anc qui a tant contribué à la lutte semble aphone et se contente d’applaudir aux mesures prises par le gouvernement, elle est rarement à l’avant garde pour la défense des femmes. On aimerait les entendre comme en 1956 où elles ont marché sur Union Buildings avec ces mots bravaches envers le Premier ministre de l’époque « Strijdom, tu as touché aux femmes, tu as bougé un rocher, il va t‘écraser ».

Publié le dimanche 12 août 2012


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