Le système éducatif basé sur les divisions raciales de l’apartheid n’a pas disparu 18 ans après l’abolition du système. C’est un des problèmes les plus difficiles à régler pour le gouvernement qui cumule erreurs stratégiques, incompétence des services et enseignants mal formés, mal payés et revendicatifs.
Les conférences, réunions au sommet et autre grand messe dénoncent le mauvais fonctionnement du système éducatif, mais les propositions faites pour renverser la situation n’ont jusqu’à présent donner que peu de résultats concrets.
Zwelinzima Vavi, le secrétaire général du Cosatu, au dernier sommet pour l’égalité dans l’éducation a fait ce constat « après 18 ans de démocratie notre système éducatif reproduit toujours, encore et encore, les inégalités raciales et de classes. La lutte pour la transformation de l’éducation et de la formation est loin d’être achevée…Seulement 7% des écoles disposent d’une bibliothèque, 5% de laboratoires pour l’enseignement des sciences et 1% des écoles ont une connexion Internet ".
Le dernier scandale dans la province du Limpopo où les manuels scolaires et les cahiers ne sont finalement arrivés qu’ après un recours en justice contre la Ministre de l’éducation primaire, a montré combien l’incompétence et la corruption sabotent les meilleures idées. Avant le scandale des manuels dans la province du Limpopo, il y a eu celui des repas scolaires gratuits où l’argent de l’état finissait dans la poche de responsables malhonnêtes, puis la faillite totale du système dans la province du Cap oriental où les enseignants non payés refusaient de faire cours.
Ces scandales touchent toujours les provinces rurales les plus pauvres. Dans le Limpopo, pour rattraper six mois d’école sans livres ni cahiers, les autorités proposent un rattrapage en payant 350 rands. Cette décision inique a suscité une lettre ouverte à la Ministre d’une responsable d’une association qui aide à l’orientation des élèves.
« J’ai aussi lu avec grande inquiétude que les élèves devront payer 350 euros pour les cours de rattrapage. Excusez mon ignorance, mais pourquoi les élèves doivent-ils être punis pour les erreurs de leurs aînés ? Pourquoi devraient-ils payer pour ceux qui refusent de prendre leurs responsabilités ? Je pense que tous les Sud-africains savent que le Limpopo est dans la catégorie des « provinces les plus pauvres » à cause du fort taux de chômage. Nul doute que ces écoles sont dans les zones rurales qui ont peu de ressources. La plupart de ces enfants sont élevés par leurs grand-mères qui ont une petite retraite. Les parents sont partis à la recherche d’un emploi dans les villes voisines, souvent sans aucune chance d’en trouver. Ces grands-mères comptent sur les aides sociale pour compenser ce qu’elles ne peuvent pas offrir à leurs petits-enfants. Madame la Ministre, 350 rands ce n’est pas beaucoup pour vous, mais je me demande comment ces grands-mères vont pouvoir trouver cet argent qui n’était pas prévu dans leurs maigres budgets. Pourquoi les pauvres, peu éduqués devraient-ils toujours être les agneaux sacrifiés ? Il est temps de mettre un terme à tout cela et dire trop, c’est trop ! »
Non seulement la plupart des écoles où vont la majorité des élèves noirs manquent de ressources matérielles, mais la qualité de l’enseignement est loin de s ‘améliorer et les statistiques qui peuvent être satisfaisantes ne font que cacher l’ampleur du drame qui est en train de se jouer pour l’avenir des « born free » les générations qui n’ont pas connu le système d’apartheid.
Les journaux relatent souvent des expériences qui laissent pantois. Un volontaire pour enseigner l’histoire dans un établissement secondaire à passer plusieurs leçons à expliquer où se situaient l’Egypte et l’Ethiopie, aider les élèves à comprendre ce que voulait dire un pourcentage, à comprendre le sens d’une phrase simple en anglais, à faire la différence entre une ville, un pays et un continent. Et le volontaire de conclure « Les Born –free que j’ai connus ont perdu leurs temps à aller à l’école pour recevoir une éducation qui leur permettra avec peine à postuler pour un emploi de serveurs ou de serveuses. Le défi à relever est celui de la connaissance ».
L’autre défi du pays est celui de l’emploi et l’on sait qu’éducation, formation, qualification et emploi sont les paramètres d’un même problème à résoudre. L’apartheid ne sera définitivement vaincu et la population la plus défavorisée par ce système ne sera vraiment libre que lorsqu’elle aura droit à une éducation de bonne qualité lui ouvrant la porte à des emplois qualifiés et bien rémunérés.
Plus d'informations : cosatu Media Monitor
Publié le mercredi 11 juillet 2012
© RENAPAS
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