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Jacob Zuma : un portrait peut en cacher un autre

Le scandale provoqué par l’exposition du tableau de Brett Murray à la galerie Goodman de Johannesburg va bien au-delà de l’incident du moment qui renouvelle la sempiternelle question de la relation entre l’art et la démocratie. L’autre question est de savoir quel bénéfice le Président Zuma peut tirer de ce scandale à la veille des échéances politiques cruciales pour lui et son gouvernement.

Il y a eu une clameur exprimant dégoût et rage à la vue de ce très peu respectueux portrait du président en exercice de la part de tous ceux qui se sentent proche du gouvernement et bien au-delà. Les alliés de l’Anc, des associations diverses ont souligné combien cette image du président était loin de cet Ubuntu qui fait de chacun de nous, un être humain solidaire de son prochain. Certains ont aussi vu dans ce portrait une expression du racisme blanc toujours présent en Afrique du Sud.

Pour le Professeur Sipho Seepe ce portrait qui ridiculise le Président est dont les défenseurs sont en majorité des Blancs est symbolique de « l’arrogance blanche qui voudrait que toute culture soit blanche…S’ils peuvent humilier quelqu’un comme lui, que va-t-il nous arriver à nous ». Barend La Grange qui a barbouillé le tableau d’une croix rouge a expliqué ainsi son geste à la sortie du tribunal : « La vie des gens est en danger, la tension raciale est bien là et les gens ne se rendent pas compte où cela peut mener ». Il a aussi accusé la galerie de perpétuer les préjugés raciaux du temps de l’apartheid en exposant ce tableau. Pour envenimer un peu plus la question raciale, l’autre iconoclaste, un chauffeur de taxi noir qui a jeté de la peinture sur le tableau a été brutalement molesté par un gardien de la galerie.

A quelques semaines de la conférence nationale de l’Anc, cruciale pour Jacob Zuma et son gouvernement, cette affaire fait du Président une victime : il a été humilié, tourné en dérision et il faut le défendre. Jacob Zuma peut devenir l’icône de la résistance contre les préjugés racistes du passé et tirer bénéfice de ce scandale.

Toutefois certains pensent que ce bénéfice sera de courte durée et que d’ici la conférence de Mangaung qui désignera les futurs dirigeants du parti et candidats aux prochaine élections, les questions du chômage, des inégalités, de la corruption, questions cruciales pour l’avenir du pays domineront les débats plutôt que le droit des artistes à la liberté de création. La démocratie sud –africaine a à peine 20 ans et elle doit affronter les errements du passé et la cruelle réalité du présent.

Plus d'informations : cosatu Media Monitor

Publié le jeudi 24 mai 2012


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